
Depuis 2020, l’AMHG vous invite à faire connaissance avec un cadre/manager hospitalier du secteur public ou privé de l’archipel guadeloupéen.
Aujourd’hui nous allons à la rencontre de,
Fabienne ABELLOT-BAZILE
Cadre de santé, coordinatrice SMR
Service de Soins Médicaux et de Réadaptation – Clinique de Choisy (Le Gosier)
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1 – AMHG : Pouvez-vous nous présenter votre service ?
J’exerce mes fonctions de cadre de santé dans le service de Soins Médicaux et de Réadaptation (SMR) de la Clinique de Choisy.
Ce service est un service de rééducation. Il bénéficie de 3 mentions spécialisées :
- La mention « affections du système nerveux » nous permet d’accueillir des patients atteints d’AVC, notre principale pathologie. Mais nous prenons aussi en charge des patients ayant subi un Traumatisme Crânien ou ayant une paraplégie ou une tétraplégie. Ces affections constituent près de 60% de notre patientèle.
- La mention « affections de l’appareil locomoteur » nous permet d’accueillir des patients polytraumatisés ou en suite d’interventions et surtout des patients amputés. La clinique de Choisy a d’ailleurs été reconnue par l’ARS pour son activité d’expertise pour la prise en charge des patients amputés.
- Enfin, notre dernière spécialisation concerne la mention « affection du système digestif, endocrinologie, diabétologie, nutrition » et concerne la prise en charge du surpoids et de l’obésité chez l’adulte.
- Ces deux dernières spécialisations constituent les 40% restant de notre patientèle.
Le service se décline en 2 unités : une unité d’hospitalisation complète (HC) de 36 lits et une unité d’hospitalisation de jour (HDJ) qui accueille 45 patients par jour.
L’équipe pluridisciplinaire du SMR est étoffée et variée. Elle se compose de médecins de Médecine Physique et de Réadaptation (MPR), de médecins généralistes, d’un cadre de santé, d’une infirmière référente en HC, de kinésithérapeutes, d’ergothérapeutes, de psychomotriciens, d’orthophonistes, de professeurs d’activités physiques adaptées, de neuropsychologues, de psychologues, de diététiciennes et d’assistants de travail social, d’infirmières, d’aides-soignants, d’un patient expert et de secrétaires médicales. Une équipe de brancardiers concourt aux soins en amenant les patients d’HC sur le Plateau Technique de rééducation.
2 – AMHG : Parlez-nous de votre parcours professionnel ?
J’ai obtenu mon diplôme de masseur-kinésithérapeute en 1987. J’ai débuté mon parcours dans le secteur médico-social au sein de l’Association des Paralysés de France (APF) dans un Institut d’Education Motrice près de Melun (77). C’est là, pendant près de 20 ans, que je me suis forgée mon expérience professionnelle de rééducatrice auprès de jeunes patients de 12 à 20 ans, atteints de pathologies lourdes et de maladies orphelines. C’est aussi là que j’ai appris à travailler en collaboration avec d’autres professionnels, des professionnels médicaux et paramédicaux bien sûr, mais aussi des travailleurs sociaux (moniteurs-éducateurs, éducateurs spécialisés) et des professeurs de l’Education Nationale car cet institut était un internat couplé à un lycée professionnel.
En parallèle, pendant 4 ans, j’ai aussi travaillé dans un établissement pour enfants polyhandicapés (EEP) aux Molières (91).
Mon parcours de kinésithérapeute étant très atypique, en arrivant en Guadeloupe en septembre 2007, je souhaitais retrouver « l’esprit de famille » que j’avais apprécié à l’APF. La Clinique de Choisy, alliant structure à taille humaine et récente ouverture de son service de rééducation, a tout de suite correspondu à mes attentes. J’ai très vite évolué et fin 2008, j’ai été nommée faisant fonction cadre, en tant que coordinatrice du Plateau Technique.
En 2012, j’ai obtenu mon diplôme de cadre de santé à l’IFCS Le Vinatier à BRON (69) ainsi qu’un Master Sciences humaines et sociales – Mention Sciences de l’éducation et de la formation, administration/gestion des soins de santé à l’Université Lumière Lyon 2. J’ai repris mon ancien poste à la clinique avec un élargissement de mes missions.
3 – AMHG : Comment collaborez-vous avec vos collègues et vos équipes ?
Malgré son évolution, la Clinique de Choisy reste un établissement à taille humaine et tous les cadres se connaissent. Les rencontres pour des échanges sont faciles du fait de la proximité.
En tant que cadre de santé, je suis la seule sur le site issu d’une filière non-infirmière. Je considère que c’est une richesse partagée, une valeur ajoutée à l’ouverture d’esprit de chacun. La vision commune du projet de soin et les valeurs partagées de l’établissement entrainent de fait une collaboration aisée.
Par ailleurs, depuis quelques années, la Direction organise hors site, une « journée des cadres » en mode team building. Tous les cadres, qu’ils soient de services de soin, de services administratifs ou techniques et les médecins sont conviés. Cette journée favorise les échanges, la connaissance du collègue dans un autre contexte.
Concernant la collaboration avec mon équipe, c’est là que mon rôle de coordinateur entre en jeu. Je dois créer du lien et faire agir de concert et dans le même sens différents métiers de soins et de rééducation. Ce qui nous rassemble c’est le patient. Il doit donc être notre point d’ancrage pour arriver à s’entendre. J’ai tendance à dire que j’essaye de mettre de l’huile dans les rouages entre les équipes d’HC et le Plateau technique, entre les soignants et les rééducateurs et parfois même entre les rééducateurs !
4 – AMHG : Comment pouvez-vous décrire le ou les modèle(s) managérial(aux) sur lequel/lesquels vous vous appuyez dans votre structure ?
Je reste une inconditionnelle de la pensée de Walter Hesbeen et de son concept du prendre soin des patients. Du coup, j’aime l’idée de prendre soin de l’équipe aussi. En en ce sens, je dirai que je pratique un management bienveillant. Toutefois, je m’applique à donner les orientations et directives à mon équipe, notamment quand il s’agit de faire appliquer les protocoles d’hygiène et de sécurité.
Au quotidien, je m’appuie sur les différentes compétences des corps de métier que j’encadre. Le fait de devoir faire interagir une équipe de plus de 8 métiers différents demande de connaître chacun de ces métiers, de leur reconnaître une certaine autonomie et de leur permettre d’être force de propositions. La plupart du temps et pour que toute l’équipe avance dans le même sens, j’essaye d’être un manager attentif et à l’écoute tout en recentrant le débat quand cela est nécessaire.
En effet, si les professionnels de rééducation ont leur compétence propre isolément, ils ont aussi des compétences partagées les uns avec les autres. Quelle différence y-a-t-il entre un kinésithérapeute et un psychomotricien qui font tous deux travailler la marche à un patient hémiplégique ? Quelle différence y-a-t-il entre un kinésithérapeute et un ergothérapeute qui mobilisent tous deux le membre supérieur d’un patient ? De même quelle différence existe-t-il entre un ergothérapeute et une neuropsychologue ou entre une orthophoniste et une neuropsychologue quand ils prennent en charge un patient pour un travail sur les fonctions cognitives… ?
Il faut que chacun puisse se retrouver dans ce qui peut apparaitre comme un imbroglio à un profane. Afin que les uns ne marchent pas sur les plates-bandes des autres et que les prises en charge des patients soient cohérentes et organisées, il faut aussi pouvoir trancher… Je jongle donc entre management à la fois collaboratif, participatif et directif tout en essayant de rester bienveillante.
5 – AMHG : … et quelle place accordez-vous à la formation professionnelle ?
La formation professionnelle est essentielle pour actualiser et maintenir les compétences. Outre les formations obligatoires (AFGSU, Incendie…) qui prennent une part importante du budget de formation e même si les rééducateurs ne représentent qu’une petite partie des soignants de la Clinique, la Direction reste attentive aux besoins ou souhaits de formation spécialisée des rééducateurs. En concertation avec le DSI et la DRH, j’arrive à impulser des formations pouvant convenir à différents corps de métiers de rééducation. Ainsi nous avons pu bénéficier d’une formation en neurologie associant des kinésithérapeutes, des psychomotriciens et des professeurs d’activités physiques adaptées ou, encore cette année, la formation « Approche posturo respiratoire » de Mme De Gasquet, pour les professeurs d’activités physiques adaptées et les kinésithérapeutes, rééducation spécifique de protection du rachis et du périnée. En mutualisant les moyens et en faisant intervenir sur site les formateurs, les coûts sont ainsi diminués. Nous profitons aussi de la venue spontanée en Guadeloupe de certains organismes de formation spécialisée. En mars dernier, nous avons pu ainsi inscrire 4 kinésithérapeutes aux sessions proposées par l’Institut National de la Kinésithérapie présent au Gosier.
Dans la mesure du possible aussi, nous essayons d’assister à certains congrès (SOFMER/ ISPO appareillage…)
La mutualisation des connaissances et des compétences est importante pour moi. Depuis toujours, j’instaure aussi une dynamique particulière au sein de l’équipe en demandant systématiquement aux formés une retransmission à leurs pairs ou à l’équipe entière. De même, nos médecins MPR détenteurs de plusieurs DU (appareillage/évaluation des TC…) n’hésitent pas sur des temps formels à mettre en place des formations internes pour réactualiser les connaissances des rééducateurs.
6 – AMHG : Collaborez-vous avec d’autres cadres du territoire ? A quelle occasion ?
Je ne collabore pas autant que je le souhaiterais par manque de temps. Cela étant, je participe volontiers aux journées de l’AMHG, aux JK2S, aux rencontres CPIAS. J’apprécie aussi les regroupements proposés de l’ORAQS.
7 – AMHG : Quelques conseils et/ou souhaits pour les cadres/managers de santé ? Et pour ceux/celles qui souhaitent se lancer dans cette fonction ?
Les conseils :
– rester intègre et fidèle à soi-même. Nos valeurs sont notre boussole morale.
– Ne pas rester isolé. La collaboration est essentielle : « Seul, on va plus vite. Ensemble on va plus loin ».
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Les petites confidences :
Livre(s) : J’aime bien Michel Bussi. Actuellement je lis son dernier thriller « Les assassins de l’aube » dont l’intrigue se déroule en Guadeloupe
Loisirs : Je pratique la salsa rueda
Musique : J’ai des gouts éclectiques. J’aime la variété française, la pop anglo saxonne. Pour danser, j’apprécie le Kompa retro
Plat préféré : dombrés et queues
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L’AMHG remercie chaleureusement Fabienne ABELLOT-BAZILE pour sa contribution.
Parution 13 avril 2025
93ème interview (bimensuelle).
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