Les 7 questions de la semaine – Interview n°45 (P. PORTECOP)

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Chaque semaine depuis 2020, l’AMHG vous invite à faire connaissance avec un cadre/manager hospitalier du secteur public ou privé de l’archipel guadeloupéen. Aujourd’hui nous allons à la rencontre du,

Dr Patrick PORTECOP
Chef de Service du SAMU 971
Chef de Pôle des Soins Critiques
CHU de la Guadeloupe

1 – Depuis la fin de vos études de médecine, vous vous êtes énormément investi dans le monde hospitalier. Partagez avec nous votre parcours professionnel.

Le bac scientifique en poche en 1989, j’arrive au mois d’août à Bordeaux pour m’inscrire à la Faculté de Médecine de Bordeaux. Au terme d’une année universitaire mémorable, j’ai le privilège d’être reçu primant au concours de fin de première année. J’ai la chance de vivre des moments riches durant mon cursus universitaire tant auprès de mes maîtres que de mes amis de promotion avec lesquels j’ai gardé des liens forts. En tant qu’interne de médecine générale, je choisis d’effectuer un stage aux urgences du CHU de Pointe a Pitre /Abymes en 1996. Il sera déterminant dans mon choix d’orientation professionnelle. De retour en métropole, je poursuis mon internat et effectue très tôt des remplacements. La thèse soutenue, je fais le choix du retour au pays par un passage par Marie-Galante pour un remplacement d’un mois en cabinet puis en août 1998, je prends des fonctions de Praticien Hospitalier à titre provisoire au CHU de Pointe-à-Pitre/Abymes. Convaincu par mes aînés de rester au CHU, je décide de me former à la médecine d’urgence en région parisienne puis en médecine du sport et de catastrophe afin de contribuer à la structuration de la médecine d’urgence en Guadeloupe. Nommé Praticien Hospitalier titulaire en 2003, j’accède à la chefferie de service des urgences du CHU de la Guadeloupe en 2010. En 2013, je succède au pionnier du SAMU 971, le Dr LUPERON, et suis nommé chef de pôle des soins critiques en 2020. Assez rapidement après mon arrivée au CHU, mes pairs m’ont confié des missions auprès de la Commission Médicale d’Établissement (CME) dont je suis membre depuis 2004.

J’ai été sollicité pour participer à la relance du service des urgences du Centre Hospitalier de Sainte-Marie, à Marie-Galante. L’accueil qui me fut réservé ne m’a pas laissé indifférent. Aussi, je me suis investi dans l’accompagnement au niveau de l’élargissement de l’offre de soins. Cette contribution s’est concrétisée au travers de la gouvernance de la communauté médicale, en étroite relation avec la direction et l’encadrement.

Depuis l’internat, j’ai adoré enseigner et j’ai régulièrement assuré des cours au sein des instituts de formations aux métiers de santé. Et depuis 2007, je suis chargé d’enseignement et de la coordination de l’enseignement de médecine d’urgence à la faculté de médecine Hyacinthe BASTARAUD, à l’université des Antilles. Mon engagement professionnel vise à contribuer avec d’autres à l’amélioration de la qualité et de l’offre de soins sur notre territoire et à préparer la résilience à toutes les situations exceptionnelles. La gestion de nombreuses crises locales nous a souvent mis à l’épreuve.

2 – Quelle est votre conception managériale ? Est-elle toujours la même aujourd’hui ?

Durant ma scolarité, j’ai toujours été représentant des élèves dans les instances des établissements fréquentés. Cela a dû aiguiser mon attrait pour les relations avec les responsables et l’encadrement. Durant mes études médicales, j’ai eu la chance d’exercer durant les vacances tous les métiers du soin (ASH, AS, IDE, transporteur de Produits Labiles Sanguins…) ; ce qui m’a plongé très tôt au sein des équipes hospitalières que j’ai écoutées et fréquentées avant de pouvoir les côtoyer comme étudiant en médecine sans que cela change nos relations. Ces expériences diverses me permettaient de mieux me positionner progressivement auprès des équipes, ma fonction médicale évoluant vers l’autonomie. Ma conception du management est donc avant tout une interaction professionnelle visant à guider les collaborateurs vers un objectif dont le patient est le centre, dans le respect des individus et de leurs prérogatives. Ma connaissance de l’hôpital de l’intérieur, la capacité de montrer l’exemple en se fixant à soi-même un haut niveau d’exigences en termes de connaissance des compétences des autres acteurs du milieu professionnel ainsi que l’exemplarité dans la réalisation des missions qui me sont confiées me permettent un meilleur positionnement pour obtenir les résultats attendus. Au fil des années, la charge liée aux responsabilités augmente, les époques changent et nous assistons à une évolution de l’engagement professionnel et des motivations tant de certains hospitaliers que de certains managers. S’agissant de ces derniers, il est regrettable qu’ils ne soient pas toujours sélectionnés sur leur capacité à manager au retour de la formation de cadre. Le concept de la vocation s’étiole doucement. Le manager doit actualiser en permanence ses connaissances du terrain et les fondamentaux de son milieu professionnel, comprendre et analyser les signaux faibles de son environnement pour anticiper les situations difficiles.

3 – Comment collaborez-vous avec les autres managers (soins, médicaux et administratifs) ?

Mes relations avec tous les autres managers, sont toujours fondées sur le respect, la sincérité des rapports humains, la planification, la connaissance des objectifs à atteindre. Concernant le management de proximité au niveau des unités soins, je le conçois au travers d’un binôme soignant-médical fort et solidaire, engagé, partageant des objectifs communs et complémentaires.  Avec les autres managers médicaux, il faut une confiance, du respect, une solidarité qui permettent d’atteindre les objectifs souhaités. S’agissant de l’administration, je m’efforce de connaître les règles administratives, d’en partager les opportunités offertes à exploiter pour conduire les projets institutionnels.

4 – Comment imaginez-vous le management de demain ?

Une affaire de professionnels exemplaires sélectionnés sur des qualités humaines de bienveillance, formés à la gestion des ressources humaines, la communication, la gestion de projet, maîtrisant les nouvelles technologies de l’information, ayant développé un esprit d’analyse critique. Le manager de demain doit s’interroger sur tous les sujets sans restrictions et être éclectique au niveau de ses centres d’intérêt. Il devra travailler l’endurance et la résistance.

5 –  Quelle est votre conception du « prendre soin » ?

Le « prendre soin » commence selon moi par l’accueil, passe par la bienveillance, la mise en confiance, nécessite de l’empathie, la compréhension des attentes à satisfaire du patient. L’information est capitale de nos jours dans la démarche soignante tout comme la délivrance d’un savoir-faire technique ou médical dont on procédera à l’évaluation des résultats avec le patient et son entourage. Le soignant doit lui-même être dans de bonnes dispositions physiques et psychologiques pour réussir cette mission.  

6 – Vous qui participez régulièrement aux différents rendez-vous de l’AMHG, que vous apportent ces espaces d’échanges pluridisciplinaires ?

Vos journées d’échanges sont l’occasion de donner la parole aux cadres soignants, médicaux et administratifs qui doivent s’interroger sur leurs pratiques, procéder à des retours d’expériences, s’intéresser aux enjeux du monde de la santé tant de nos territoires que ceux des plus grands espaces, de leur implication dans la formation des soignants. Le choix des experts est toujours pertinent.

7 – Quel message souhaitez-vous faire passer aux différents cadres/managers hospitaliers ?

Les missions d’encadrement peuvent s’avérer complexes mais il faut développer son réseau, ne pas s’isoler, apprendre à challenger, poursuivre un objectif compatible avec ses capacités et les besoins institutionnels, s’inscrire dans la patience, travailler sans relâche au cœur de ses équipes pour une meilleure cohésion, diffuser l’information aux collaborateurs et surtout, toujours rester accessible pour tous. 

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Les petites confidences :
Apprenez que tout est possible ! Comme me l’a souvent dit l’un de mes maîtres, feu le Dr Jacques Salin
Livre : Encyclopédie du jazz
Sports : Golf, marche, fitness à reprendre d’urgence
Loisirs :  live musical, danse, cinéma, cuisine, bricolage
Musique : Old Zouk, compas direct, jazz, musiques latines, lyrique
Personnalité préférée : Aimé Césaire
Plat préféré : Le bébélé (authentique s’il vous plait !)
Coup de cœur : Arnaud DOLMEN, Stéphane CASTRY,
Dicton et/ou proverbe : « Fò’w pran douvan avan douvan pran’w ! » (Il vaut mieux anticiper les choses plutôt que d’être pris au dépourvu).

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L’AMHG remercie chaleureusement le Docteur Patrick PORTECOP pour sa contribution.
Parution : 8 mai 2022

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Cliquez sur l’image. Jean-Luc STANISLAS (Interview ouvrage “Innovations & management des structures de santé en France”)

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Cadredesante.comLa réingénérie de le formation IBODE effective, quels impacts pour la spécialité ?, par Audrey Parvais.

Les textes signalant l’universitarisation de la formation des infirmiers de bloc opératoire (IBODE) viennent de paraître au Journal Officiel. Une évolution qui était très attendue par la spécialité, partagée entre satisfaction d’atteindre plus de reconnaissance et crainte de la voir débordée par le sujet des mesures transitoires.

La grande Arlésienne est enfin arrivée. C’est ainsi que Marie-Sophie Niay, qui dirige l’Association des Enseignants des Écoles d’Infirmiers de Bloc Opératoire (AEEIBO), résume la publication dans le Journal Officiel du 29 avril du décret et de l’arrêté entérinant la réingénierie de la formation IBODE. Il faut dire qu’avant d’être validé par le Haut Conseil des Professions Paramédicales (HCPP) le 14 avril dernier, le projet d’universitarisation s’est fait attendre pendant 16 longues années. Après plusieurs mois de discussion, représentants de la profession et Direction générale de l’offre de soin (DGOS) se sont finalement entendus. Au sein de la spécialité, l’heure est donc à l’expression d’une certaine satisfaction, toutefois teintée de prudence.

Un facteur d’attractivité

Je trouve que cette réingénierie est une bonne chose, réagit Magali Delhoste, présidente de l’Union Nationale des Associations d’Infirmier(ière)s de Bloc Opératoire Diplômé(e)s d’État (UNAIBODE). Nous allons enfin pouvoir nous inscrire dans le cursus LMD [ndlr : licence, master, doctorat]. Car si les infirmiers en soins généraux voient leurs études validées par la délivrance d’un diplôme de grade licence, la spécialité IBODE, qui requiert de repasser sur les bancs de l’école, n’était pas sanctionnée par l’obtention d’un master. De quoi freiner la reconnaissance de ses compétences, estimaient ses représentants et associations. Aussi cette universitarisation est-elle perçue comme un facteur essentiel pour en renforcer l’attractivité. Elle devrait normalement rendre la spécialité plus attractive, car nous passons dans un régime de formation homogène par rapport à toutes les autres formations. Il était temps de le faire, abonde Marie-Sophie Niay. Pour nous, ce n’est pas une reconnaissance, nuance de son côté Grégory Chakir, le porte-parole du Collectif Inter-Bloc, qui y voit plutôt une évolution normale de la formation s’inscrivant dans le cadre du processus de Bologne*.

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Cadredesante.comL’engagement collectif fait recette au CH Alpes Léman, par Bruno Benque (rédacteur en chef)

La Responsable des Affaires générales de de la Politique sociale du Centre Hospitalier Alpes Léman, Gaëlle Cochet-Grasset, a présenté, à l’occasion des RAC de la FHF 2022, le succès rencontré par le dispositif d’Engagement collectif dans cet établissement. Imaginé par le Ministère, ce type d’initiative est ouvert à tous les métiers de tous les secteurs et fait l’objet d’une prime pour les agents qui participent aux projets. Pour tenter de fidéliser ses agents, le CH Alpes Léman a investi dans ce dispositif quelques 100 000 euros. Explications.

L’attractivité est aujourd’hui un maître mot pour les gouvernants hospitaliers, de même que la fidélisation des agents. La crise démographique que connaissent certains métiers sanitaires au sein des établissements de Santé crée entre ces derniers une concurrence jamais encore observée dans ce cadre.

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Thérèse Psiuk – Auteur – Conférencière – Directrice des soins en retraite

… le jour de ma rencontre avec mes filleuls étudiants IDE à l’IFSI d’ERSTEIN …quelques conseils pour développer sa posture professionnelle…

Merci à madame Psiuk de nous permettre de publier son texte.

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Managersante.comComment réussir sa réunion en distanciel ? Dominique BERIOT nous propose ses conseils pratiques.

La pression du temps, contraint souvent à se lancer spontanément dans des réunions à distance, et se voir confronté à des comportements surprenants, des difficultés spécifiques liées au contexte de ces situations.

Quoi qu’il en soit, l’art et la manière de conduire ce type de réunion et d’en tirer le meilleur profit pour tous, imposent une préparation particulière et une manière d’animer qui nécessitent, en plus des « bonnes pratiques » valables pour toutes les réunions, la prise en compte de contraintes supplémentaires propres au distanciel. C’est un exercice délicat exigeant une rigueur plus importante que pour une réunion classique en présentiel.

Aussi, pour les managers – qui ne peuvent faire appel à un coach – je propose une démarche composée de « processus repères systémiques » et de recommandations pratiques pour les aider à adapter une posture et des messages aux spécificités de chaque contexte.

Organiser des rencontres entre interlocuteurs dispersés présente des avantages, une réduction des dépenses (avion, train, hôtel…), une augmentation du confort (moindre fatigue, déplacements évités …) et un gain de temps appréciable. En revanche, elles freinent la spontanéité des échanges et appauvrissent l’alchimie relationnelle. Pour l’animateur elles réduisent voire supprime ses possibilités de capter les expressions positives ou négatives des participants.

Face aux situations managériales, se présente une difficulté qui consiste à gérer simultanément le contenu des échanges et les relations qui les portent. Ce d’autant plus qu’il est souvent tentant de vouloir aller vite, sans prendre le temps de se préparer. Or, même si de nos jours, cela paraît paradoxal, « savoir perdre du temps pour en gagner » est l’une des clés de l’efficacité de tout manager.

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Managersante.comQuelle pourrait être la légitimité pour les collectivités territoriales dans le système de santé ? Florence TANTIN (Directrice d’Hôpital honoraire) nous présente les fondements, leurs attentes et réponses apportées (Partie 1/2)

La pandémie de maladie à CORONAVIRUS de 2019 a relancé le débat de la place des collectivités locales dans le système de santé. En effet, prenant de court, dans un premier temps, les autorités de l’Etat et leurs représentants, principaux acteurs du système santé en France, elle a amené les collectivités locales à répondre aux besoins des populations de leur territoire (vaccinations, dépistages, lien hôpital et domicile, masques…).

Dans ce contexte, dépassant les revendications jusqu’alors portées sur la gouvernance des hôpitaux [1], les collectivités territoriales ont mis en avant leur légitimité à être plus impliquées dans l’organisation du système de santé face à un Etat qu’elles ont estimé défaillant compte tenu des enjeux.

Il devient alors nécessaire de s’interroger dans un premier temps sur les fondements sur lesquels les collectivités locales font reposer traditionnellement leur légitimité, les attentes qu’elles en retirent et les réponses apportées. 

Mais cette légitimité est-elle bien celle attendue des parties prenantes au système de santé compte tenu des évolutions perceptibles ? ce sera l’objet de la deuxième partie qui sera abordée dans un prochain article.

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Managersante.comComment 20 ans après la loi Kouchner, l’éthique du numérique rejoint l’éthique médicale ? Le Docteur Pierre SIMON nous explique.

Nous venons de fêter le 4 mars 2022 les 20 ans de la loi Kouchner. Cette loi apporta à la pratique médicale une réflexion éthique nouvelle que l’on pourrait résumer dans la phrase suivante : « si la santé est une situation de bien-être physique, mental et social à laquelle toute personne a le droit de prétendre, les professionnels de santé, en particulier les médecins, doivent avoir un comportement éthique vis à vis de toute personne qui demande un accompagnement de sa santé, c’est-à-dire agir avec bienfaisance, sans malfaisance, en respectant l’autonomie de la personne et en assurant l’équité dans l’accès aux soins ». (Conclusion du mémoire de master D.E.S.S. Droit, Santé, Ethique, consacré à l’impact de la loi Kouchner sur la pratique médicale hospitalière, 10 septembre 2002, Faculté de Droit et de Science Politique, Rennes I). C’est l’éthique médicale du 21ème siècle dont les principes sont rappelés dans le Code de déontologie médicale.

L’implication du numérique dans les pratiques professionnelles modifie-t-elle l’éthique médicale ? Existe-t-il une éthique du numérique qui viendrait enrichir l’éthique médicale ? Autrement dit, le « bien agir » du numérique en santé est-il toujours compatible avec le « bien agir » du médecin, en particulier lorsqu’il utilise des solutions qui lui permettent une pratique à distance ? C’est l’objet de ce nouveau billet, lequel s’inspire des derniers rapports de la HAS sur la classification des solutions numériques, mis en ligne le 17 février 2021, et sur le rapport d’analyse 2019 sur le numérique, évolution ou révolution

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L’AMHG remercie :

Sainte-Anne Ambulance, Silver Santé Assistance,
HSSC – Hygiène Santé Caraïbes, Ambulance Les Acacias,
Patrick Ambulance, ainsi que le comité scientifique de l’AMHG.
Partenaires de l’AMHG : cadredesante.com, ANCIM, managersante.com, Solutio-Group, Revue hospitalière de France, Collectif formateurs en santé, chacari, Groupe PSIH, Kaz’Up (La Réunion et Mayotte)

cubtec.com (concepteur du site de l’AMHG)

Twitter : @AMHG_officiel   –   LinkedIn : Secrétariat AMHG    
Site internet : AMHG – emails : info@amh-guadeloupe.com ou sec.amhg@gmail.com

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L’avenir dépend de ce que vous faites aujourd’hui. (Mahatma Gandhi)

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