Les 7 questions de la semaine – Interview n°50 (S. KICHETA)

0

Chaque semaine depuis 2020, l’AMHG vous invite à faire connaissance avec un cadre/manager hospitalier du secteur public ou privé de l’archipel guadeloupéen.

Aujourd’hui nous allons à la rencontre de,

Sabrina KICHETA
Directrice d’Établissements sanitaires, sociaux et médico-sociaux (D3S)
Centre Hospitalier Maurice SELBONNE (Bouillante)

.

1 – AMHG : Quelle est votre fonction et votre parcours professionnel ?

Après validation de ma formation de D3S en décembre 2018, j’ai pris mes fonctions en tant que Directrice adjointe en charge des services économiques, logistiques, techniques, sécurité et travaux (DSELT) au Centre Hospitalier Maurice SELBONNE à Bouillante le 2 janvier 2019.

Titulaire d’un DEUG de biologie et d’une Licence de chimie à l’Université des Antilles et de la Guyane (Fouillole), j’ai obtenu un diplôme d’état de manipulateur en électroradiologie médicale (MERm) à l’Institut de Formation de Grenoble en 2006. A l’obtention de mon diplôme, j’ai exercé pendant neuf ans, de juillet 2006 à août 2015, au Centre Hospitalier Universitaire de Pointe-à-Pitre au sein du service de radiothérapie. Au terme des deux premières années, je me suis interrogée sur le sens de ma pratique professionnelle, ainsi que sur ma manière de soigner les patients. Quel en était le sens ? En tant que professionnelle de santé accepterai-je de me faire soigner au sein de l’établissement dans lequel j’exerce ? Dès lors, ma perception du « prendre soin » a évolué.  Mon métier ne devait plus n’être qu’un moyen de subsistance mais un moyen pour contribuer à l’amélioration de la prise en charge des soins sur le territoire. En dépit des contraintes organisationnelles, financières, et institutionnelles, il convenait de donner le meilleur de moi-même et d’être comme le dirait Gandhi : « le changement que l’on veut voir ». En pratique, cela s’est traduit par mon implication au sein de mon service et de l’institution notamment en tant que cheffe de projet dans le cadre de la cancérologie, et de présidente régionale de l’Association Française du Personnel Paramédical en Électroradiologie (AFPPE).

Forte des compétences acquises, des expériences professionnelles et des encouragements de mes collègues, je me suis inscrite dans une démarche d’évolution professionnelle à compter de 2012. Par l’accompagnement de l’institut de formation continue (IFC), j’ai intégré en septembre 2015 le cycle préparatoire des concours administratifs de l’Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique (EHESP) à Rennes. En 2016, étant admise au concours national de D3S, j’y ai suivi la formation de 24 mois. Je fais partie de la promotion 2017-2018 qui porte le nom du Skyper Reinois « Thomas COVILLE ».

2 – AMHG : Que retenez-vous de votre formation à l’EHESP ?

Après trois ans de pratique managériale au CHMS, mon évaluation quant à la formation reçue à Rennes est différente de l’appréciation que j’en avais faite en fin de cursus en 2018. Je trouvais que je n’étais pas suffisamment outillée de supports permettant d’assurer le pilotage d’une direction ou d’un établissement.  Aujourd’hui, je dirai, bien que très théorique avec des cours en santé publique ou encore de politique publique, le programme d’enseignement couplé avec les stages et les productions écrites, nous préparent à faire face à des situations aussi singulières qu’imprévues. Insidieusement, pendant deux ans, le rythme de formation et les modalités pédagogiques sont les composantes d’une méthode visant à nous permettre d’analyser les situations, à faire preuve de réactivité et à prendre des décisions dans un monde incertain.

3 – AMHG : Quelle est votre conception managériale ?

J’ai une conception horizontale du management. Je considère que, les agents, l’encadrement, la direction sont les maillons d’une même chaîne de soin. Nous formons une équipe avec des règles qui doivent être clairement établies et rappelées pour un service rendu de qualité à l’usager. Manager, c’est « grandir en faisant grandir les autres ». L’un de mes principes en tant que manager c’est de mettre en valeur les aspects positifs et les compétences de chacun pour des actions co-construites et efficaces. Pour conduire certains changements organisationnels, Il est nécessaire de donner du sens à notre action, d’avoir une orientation claire. Ainsi, je m’applique à faire ce que je dis et à dire ce que je fais. Cela se résume en une tryptique partagée avec les équipes, « Respect, Transparence et Loyauté » (RTL).

3 – AMHG : Comment collaborez-vous avec les managers de votre établissement et ceux du territoire ?

La collaboration avec les managers de l’établissement est basée sur le dialogue. J’apprends d’eux et des agents. A l’échelle du territoire, dès que l’occasion se présente notamment pour des questions techniques, je fais appel à l’expérience de mes collègues qui sont en position d’encadrement. La mise en place préalable du Groupement Hospitalier de Territoire (GHT) en 2019 a été une opportunité coïncidant avec ma prise de poste. En effet, les différents groupes de travail ont été l’occasion de connaître les collègues des autres établissements, de partager les problématiques et de penser des alternatives.

4 – AMHG : Comment imaginez-vous le management de demain ?

Le management de demain sera un réel défi eu égard aux évolutions législatives d’une part et à l’impact des crises sanitaires sur le système de santé d’autre part. Dans un contexte de transformation structurelle de l’hôpital, la relation au travail a changé de même que le rapport soignant-soigné.  Le management devra se repenser à l’aune de ces changements. Nous tendons vers une logique marchande du soin.  De fait, le manager devra composer avec les évolutions législatives, l’impératif de résultats et la sociologie du travail. La perspective d’un management où l’humain est au centre sera l’enjeu de demain.

5 – AMHG : Quelle est votre conception du « prendre soin » ?

Ma conception du « prendre soin » s’inscrit dans une logique d’interdépendance de trois acteurs. D’un point de vue de l’usager, il s’agit de lui permettre d’utiliser ses ressources ou d’en prendre conscience pour être acteur de sa santé.  Du point de vue des soignants, il convient de veiller à ce que le système de soins soit bientraitant en assurant les conditions techniques, matérielles et organisationnelles favorables à leur l’implication en faveur d’une prise en charge de qualité. Du point de vue des managers, il serait opportun d’avoir une corporation soutenante pour garantir le fonctionnement efficient des établissements. Selon moi, c’est à cette condition que la qualité des soins sera performante et que le « prendre soin » sera assuré.

6 – AMHG : Quel est votre regard sur l’évolution du système de santé ?

Mon regard sur l’évolution du système de santé se pose à la lumière des définitions de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Selon l’OMS, le système de santé est « l’ensemble des organisations, des institutions, des ressources et des personnes dont l’objectif principal est d’améliorer la santé […] ». Ainsi, les orientations prises en la matière ont vocation à assurer la continuité d’accès des soins, l’égal accès aux soins à la population, indépendamment des zones géographiques. Considérant la santé comme « un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consistant pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité », les évolutions législatives et politiques engagées ces dernières années interpellent quant aux moyens déployés pour l’atteinte de cet objectif. De plus, la santé est un bien fondamental auquel tout le monde a droit ; dans cette mesure l’action publique en serait-elle le garant. La réalité témoigne du sens des évolutions de notre système de santé.

7 – AMHG : Quel conseil donneriez-vous à ceux qui souhaitent se lancer dans le management hospitalier ?

Il est important d’analyser ses motivations et d’avoir conscience des enjeux politiques, économiques, sociologiques et managériaux dans lesquels évolue l’hôpital aujourd’hui. L’étude de ce qui sous-tend les réformes hospitalières faciliterait certainement un questionnement permettant de juger des avantages et inconvénients de cette orientation professionnelle.    

.

Les petites confidences :

Livre(s) : Choc de Tony Delsham/ la dernière nuit du rais de Yasmina Khadra
Sport(s) : Marche
Loisir(s) : Lecture
Musique(s) : J’aime la musique en générale, elle adoucit les mœurs. Mes préférences vont pour le Zouk, le Gwo Ka, la variété française et le Gospel.
Personnalité(s) préférée(s) : Angela Merkel et Winston Churchill
Plat(s) préféré(s) : Gratin de banane jaune et moelleux au chocolat
Coup de cœur : La Guadeloupe
Dicton et/ou proverbe : « Chaque fois que je me plante, je pousse » – « Il n’y a pas de vent favorable pour celui qui ne sait pas où il va » : Sénèque

.

L’AMHG remercie chaleureusement madame Sabrina KICHETA pour sa contribution.
Parution : 12 juin 2022

Aujourd’hui nous publions la 50ème interview

RENDEZ-VOUS DE L’AMHG !

.

Qui sommes-nous : cliquez-ici
Les manifestations de l’AMHG : cliquez-ici
Les articles : cliquez-ici
Les communiqués : cliquez-ici
Les 7 questions de la semaine : cliquez-ici
Nos partenaires : cliquez-ici

.

Rubrique vidéo (à découvrir prochainement) : “LES 4 MINUTES DE L’AMHG”

.

.

ANCIM : cliquez-ici

.

Rendez-vous webinaire

.

.

L’interprofessionnalité passera par le dialogue entre les acteurs de toutes les filières, par Bruno Benque (Rédacteur en chef)

La session consacrée à l’interprofessionnalisation organisée lors des récentes Journées d’études du CEFIEC nous a rappelé combien il était difficile aujourd’hui de créer une réelle coopération entre les professionnels des différentes filières médicales et paramédicales. Les intervenants invités à se prononcer à cette occasion ont loué les initiatives prises en ce sens par les tutelles mais ont fustigé les silos ancestraux qui cloisonnent ces filières et qui freinent les actions pouvant favoriser l’interprofessionnalité.

En ouverture de ses 77èmes Journées Nationales d’Étude, qui se sont déroulées à Lyon du 1er au 2 juin 2022, le Comité d’Entente des Formations Infirmières et cadres (CEFIEC) avait convié un parterre d’intervenants de référence pour une tribune consacrée à l’interprofessionnalité : mythe ou réalité ? Lire la suite

.

La recherche paramédicale : un espace de liberté et de créativité pour les soignants, par Valérie HEDEF (Journaliste Santé)

Une recherche clinique paramédicale intégrée, pluridisciplinaire, portée à l’innovation, mais aussi un espace de liberté qui redonne du sens aux métiers du soin…La 26e Journée scientifique soignante du CHU de Toulouse s’est vue revigorante et enthousiasmante.

On vit un tournant de la recherche paramédicale (explosion des revues au niveau mondial…). J’y vois deux raisons : d’une part cela interroge nos pratiques par la méthode scientifique, d’autre part, la recherche est un facteur d’attractivité pour les soignants acteurs de leur pratique a observé le Pr Olivier Lairez, directeur de la recherche et de l’innovation au CHU de Toulouse en préambule de la 26e Journée scientifique soignante de l’établissement qui avait pour thème Relever les défis de santé publique par l’innovation paramédicale. Démonstration au travers de trois présentations exposées à l’occasion. Lire la suite

.

Un nouvel outil de mesure de la charge en soins plein de promesses, par Bruno Benque (Rédacteur en chef)

Si de nombreux soignants ne se retrouvent plus dans leur métier et en perdent le sens, c’est peut-être à cause d’une charge de travail trop importante et impossible à prédire pour leurs managers. Les SIIPS, seule référence pour mesurer la charge en soins, n’est pas adaptée aux pratiques modernes et sont peu à peu abandonnés. Ils pourraient être bientôt remplacés par Virginia, une solution de mesure en temps réel de la charge en soins élaboré par une ancienne coordinatrice des soins. Explications…

Dans le contexte actuel de pénurie médicale et paramédicale qui sévit et s’amplifie de jour en jour, la notion de cohérence entre les besoins nécessaires la permanence des soins et les moyens en Ressources Humaines (RH) alloués aux structures sanitaires ou médico-sociales est primordiale. Lire la suite

.

Newsletter du 12 juin 2022 : cliquez-ici

Comment réussir l’évaluation professionnelle dans la Fonction Publique Hospitalière ? Jean-Marie BARBOT nous répond à l’occasion de la publication d’un nouvel ouvrage collectif. Jean-Marie BARBOT nous répond à l’occasion de la publication d’un nouvel ouvrage collectif.

ManagerSante.com® : Pouvez-vous nous présenter ce nouvel ouvrage de l’ADRHESS et ses auteurs ?

Il s’agit du 12ème ouvrage publié par l’association depuis 2011 .
Comme les précédents ,c’est un ouvrage collectif car je reste persuadé de l’intérêt sur les différentes thématiques RH de réfléchir et travailler ensemble , de  « croiser les regards «  en apportant des expériences  professionnelles différentes.

Je recherche chaque année de nouveaux auteurs et cette première collaboration avec Audrey Paniego Martinez et Frédéric Pigny a été particulièrement fructueuse, aidée ,il est vrai ,par notre collaboration dans l’animation de séminaires consacrés à l’évaluation professionnelle.

J’ai aussi souhaité confier la préface à Éric Guyader en sa qualité de Président de l’ANFH organisme très investi au sein de ses délégations régionales dans l’accompagnement des établissements et des agents de la FPH pour la mise en œuvre de cette réforme.


Enfin ,il m’a semblé naturel de solliciter Jean Luc Stanislas ,dont l’expertise est reconnue, pour une introduction très éclairante sur les enjeux actuels de l’évaluation professionnelle. Lire la suite

.

Infirmier en Pratique Avancée (IPA) : vers un professionnel de santé de niveau intermédiaire ? Mélodie FORTIER, (diplômée de Paris-Sorbonne Université)

La pratique avancée désigne la capacité d’un professionnel paramédical à prendre des décisions complexes et à développer des compétences cliniques empruntées au champ médical dans un domaine spécifique. En France il s’agit d’une pratique relativement nouvelle mais qui pourrait participer à améliorer notre système de santé afin qu’il réponde aux enjeux actuels.

En février 2018, dans un contexte de tensions dans le monde hospitalier, le Premier ministre et la Ministre des Solidarités et de la Santé publient le « Plan de transformation de notre système de santé ». Cette transformation, urgente pour les professionnels de santé doit répondre à des enjeux pourtant connus de longue date. D’un côté une transition démographique qui se traduit par un vieillissement de la population ayant à la fois un aspect quantitatif – en 2050 en France métropolitaine, 1 habitant sur 3 aura plus de 60 ans[1] –  mais également qualitatif – les personnes âgées vivent plus longtemps-. D’un autre côté, une transition dite épidémiologique avec une chronicisation des maladies nécessitant un suivi et un accompagnement des patients dans le temps long ainsi que la gestion de parcours dits complexes. Enfin le dernier enjeu tient à la diminution prévue de la démographie médicale à laquelle il faut ajouter une inégale répartition des professionnels sur le territoire et une désaffection des étudiants pour certaines spécialités (médecine générale, psychiatrie, gériatrie…) lire la suite

.

L’AMHG remercie :

Sainte-Anne Ambulance, Silver Santé Assistance,
HSSC – Hygiène Santé Caraïbes, Ambulance Les Acacias,
Patrick Ambulance, ainsi que le comité scientifique de l’AMHG.
Partenaires de l’AMHG : cadredesante.com, ANCIM, managersante.com, Solutio-Group, Revue hospitalière de France, Collectif formateurs en santé, chacari, Groupe PSIH, Kaz’Up (La Réunion et Mayotte)
cubtec.com (concepteur du site de l’AMHG)

Twitter : @AMHG_officiel   –   LinkedIn : Secrétariat AMHG    
Site internet : AMHG – emails : info@amh-guadeloupe.com ou sec.amhg@gmail.com

.

« Si on répétait toujours le même acte on n’apprendrait jamais rien. »
Paul Guillaume

.

Related Posts