Les 7 questions de l’AMHG* – Interview n°81 – Stéphanie RENIER

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Depuis 2020, l’AMHG vous invite à faire connaissance avec un cadre/manager hospitalier du secteur public ou privé de l’archipel guadeloupéen.

Aujourd’hui nous allons à la rencontre de,

Stéphanie RENIER
Cadre de santé paramédical – Urgences-SMUR-UHCD
Centre Hospitalier de la Basse-Terre (Basse-Terre)

Stéphanie Renier – CH. de la Basse-Terre (Guadeloupe)

1 – AMHG : Pouvez-vous nous présenter votre service ?

Le service des urgences regroupe trois unités fonctionnelles, le Service d’Accueil des Urgences (SAU), l’Unité d’Hospitalisation de Courte Durée (UHCD) et le Service Mobile d’Urgence et de Réanimation (SMUR). Les équipes médicales et paramédicales prennent en charge les usagers relevant des filières :

  • Médecine conventionnelle, affections spécifiques (Drépanocytose) et infections à caractère épidémique (dengue, grippe, bronchiolite, leptospirose, COVID-19…)
  • Chirurgicale (orthopédie et digestive)
  • Pédiatrique,
  • Gériatrique,
  • Gynécologique et obstétrique jusqu’à 22 semaines d’aménorrhée,
  • Carcérale en lien avec l’Unité Sanitaire en Milieu Pénitentiaire (ex UCSA)
  • Psychiatrique en lien avec l’Établissement Publique de Santé Mentale
  • D’urgence vitale
  • Ainsi que les personnes vulnérables/porteuses de handicap.

Une permanence d’accès aux soins et de santé (PASS) est également rattachée au service des urgences pour permettre l’accès aux soins aux personnes ne possédant ni couvertures sociales ni ressources financières.

2 – AMHG : Parlez-nous de votre parcours professionnel 

J’ai obtenu mon diplôme d’état d’infirmier en 2011 après 3 années d’études à l’IFSI de Guadeloupe. J’ai débuté ma carrière au sein du service de Gynécologie chirurgie et obstétrique du CHBT pendant 8 mois avant d’effectuer un court passage d’un mois au Centre de soins et d’accueil pour enfants polyhandicapés « Les Airelles ». Je suis ensuite revenue au CHBT en intégrant le Service d’Accueil des Urgences-SMUR de 2012 à octobre 2019 ; c’était un choix, j’avais fait mon stage optionnel et pré-pro au SAU. Durant ces années, j’ai été représentante syndicale siégeant en CTE pour comprendre les enjeux stratégiques et économiques de la politique de santé développée au sein de l’établissement, me familiariser avec la législation, les instances, participer au dialogue social et à l’amélioration des conditions de travail.

En novembre 2019, j’ai pu saisir l’opportunité d’évoluer sur un poste de Faisant Fonction de cadre de santé sur le service de Cardiologie-USIC/consultations et explorations fonctionnelles cardiologiques jusqu’en août 2021 où à l’issue de cette période je me suis envolée pour suivre la formation de cadre de santé à l’IFCS « École supérieur Montsouris (ESM) » en Ile de France.

A l’obtention du diplôme de cadre de santé, je suis retournée à mes vieilles amours en acceptant le challenge de manager l’équipe soignante du SAU-SMUR-UHCD, où j’ai passé l’essentiel de ma carrière d’infirmière, jusqu’à ce jour.

3 – AMHG : Comment avez-vous construit votre projet ?

J’ai toujours voulu travailler dans un service d’urgences ou de soins critiques. Quand l’opportunité s’est donc présentée, je l’ai saisie et je me suis investie à 2000% dans le service. J’ai toujours fait partie de ceux qui organisent, motivent, entraînent donc c’est naturellement que j’ai accepté d’endosser le rôle d’IDE référent pharmacie et SMUR. Ces missions m’ont permis de toucher du doigt divers aspects (gestion de stock, démarche qualité sécurité, responsabilité) et surtout de développer plusieurs compétences et aptitudes aujourd’hui indispensables au cadre de santé, à savoir anticipation, organisation, communication, leadership et j’en passe. Par ailleurs mon expérience de représentant syndical m’a amenée également à élargir ma vision et, ma réflexion et finalement à me positionner pour tenter d’apporter ma pierre à l’édifice dans l’équipe managériale de mon établissement.

4 – AMHG : Parlez-nous de votre vision managériale ? Pourquoi ?

Lors de ma prise de poste, je ne peux pas dire que je sois arrivée sereine ; j’avais bien évidemment une certaine appréhension car je devais manager d’anciens collègues, de nouveaux collaborateurs. Toutefois j’ai simplement décidé de manager avec mes valeurs personnelles, professionnelles car aujourd’hui plus que jamais, face à l’évolution de nos organisations de santé, l’innovation en santé, les difficultés du dialogue social et la diversité générationnelle qui cohabite au sein des équipes, le cadre de santé m’apparait comme celui qui maintient le lien. Le lien entre son équipe soignante et la/les Directions, avec les médecins, avec les services supports, les futurs professionnels et qui finalement permet que tout s’orchestre et donne un rendu cohérent et efficient. De ce fait, la porte de mon bureau est quasiment toujours ouverte pour maintenir ce lien.

Le cadre doit selon moi être agile, dynamique, réactif, innovant et créatif, disponible et à l’écoute. L’adaptabilité, la transparence, l’équité, la rigueur (sans être rigide) et l’humilité, doivent faire partie de ses armes, toute comme la bienveillance car il s’avère que les soignants en ont plus que besoin ; on doit reconnaître qu’on leur demande toujours plus, avec le même effectif voir avec parfois moins d’effectif.

Il est celui qui accompagne son équipe vers l’épanouissement professionnel en redonnant du sens aux pratiques, aux changements, en encourageant les évolutions de carrière et en menant des projets qui impacteront positivement les usagers mais également son équipe.

Enfin, il doit rester en veille intellectuelle pour suivre les évolutions qui peuvent contribuer à l’amélioration de la qualité-sécurité des soins mais aussi à l’amélioration des conditions de travail car le salaire n’est plus le critère principal de fidélisation au travail.

5 – AMHG : Comment collaborez-vous avec vos collègues de votre établissement et vos homologues du territoire ?

On ne peut pas être cadre de santé et penser travailler seul dans son coin, il est indispensable de collaborer avec ses pairs encore plus en tant que cadre de santé d’un SAU car j’ai besoin de mes collègues qui managent les services d’aval.

Nous travaillons en étroite collaboration pour améliorer les parcours patients de chaque filière, pour offrir des soins de qualité, essayer de réduire tant bien que mal la durée moyenne de passage au SAU, et réduire tous les risques liés à l’attente prolongée au SAU (agressivité…).

Concernant mes homologues du territoire, mon réseau se développe timidement pour le moment mais je saisis toutes les opportunités (Journées Annuelles des Managers Hospitaliers de Guadeloupe, formation inter-établissement, forum de l’urgence) où j’ai la possibilité de rencontrer et de dialoguer avec des collègues d’autres établissements. J’échange de surcroît souvent avec mon homologue des Urgences du CHUG entre partage d’expérience, recherche de solutions, des conversations toujours enrichissantes.

6 – AMHG : Comment imaginez-vous le management de DEMAIN ?

Honnêtement, je suis partagée sur ma vision du management de demain car nous manquons de moyens pour faire correctement ce beau métier, mais j’ai envie de croire que le management de demain restera humain, bienveillant, et plus collaboratif et innovant, rendant les équipes mais aussi les acteurs de santé autonomes, pour que le cadre de santé ne soit pas toujours la solution.

7 – AMHG : Quelques conseils et/ou souhaits pour les managers de santé ? Et pour ceux qui souhaitent se lancer dans cette fonction ?

Je ne suis qu’une très jeune cadre donc conseiller… Mais le souhait que je formule pour mes collègues managers c’est que l’on continue à prendre goût à notre métier malgré les hauts et les bas, en prenant soin de soi pour prendre soin des autres ; continuer à se former pour rester connecté à la réalité de terrain et développer son réseau pour continuer à s’enrichir, partager et finalement s’entraider.

Pour ceux qui voudraient se lancer, je dirais qu’il faut suivre son intuition et se lancer. Je ne suis pas forcément d’accord avec l’idée qu’il faille forcément passer par l’étape faisant fonction même si ça a été pour moi une plus-value. Cependant d’autres y sont arrivés sans passer par cette case et pourtant sont aujourd’hui de très bons managers. N’en faites donc pas un frein, votre détermination et votre motivation sauront vous guider vers la réussite.

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Les petites confidences 

Livre(s) : pour le côté professionnel « l’intégration des nouveaux soignants – Guide-Suivi-Evaluation de Hervé BRIZON et pour le côté personnel « Tant de nuances de pluie » d’Asha LEMMIE.

Loisirs : sortie plage, sortie entre copines, la cuisine, cinéma et j’ai décidé de me mettre au jardinage pour voir si j’ai la main verte maintenant que j’ai un petit jardin.

Musique : j’écoute de tout mais mon cœur vibre quand même plus pour le zouk, le kompa et la socca

Plat(s) préféré(s) : un bon petit colombo de poulet ou de cabri

Dicton ou Proverbe : « Fais du bien à ton corps pour que ton âme ait envie d’y rester ».

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L’AMHG remercie chaleureusement Stéphanie Renier pour sa contribution.
Parution 3 mars 2024

Aujourd’hui nous publions la 81ème interview, *nouvelle formule (bimensuelle).
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