Depuis 2020, l’AMHG vous invite à faire connaissance avec un cadre/manager hospitalier du secteur public ou privé de l’archipel guadeloupéen.
Aujourd’hui nous allons à la rencontre de,
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Aude PHARAOH
Chef de Service Éducatif
Institut Médico-Éducatif (IME) « Les Gommiers »
Section Médico-Professionnelle (IMPro)
Gourbeyre
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AMHG-1 : Pouvez-vous nous présenter votre établissement ?
L’IME « Les Gommiers » est un établissement médico-social géré par l’Association de Sauvegarde de l’Enfance à l’Adulte (AGSEA). Il déploie ses activités sur trois sites. Il est habilité à assurer l’accueil et l’accompagnement de 154 enfants et jeunes présentant des troubles du développement intellectuel et du neuro-développement (trouble du spectre autistique). Une équipe pluriprofessionnelle composée d’une centaine d’agents prend en charge les jeunes qui, pour moitié, bénéficient d’un accueil en internat de semaine. Il s’agit d’assurer à ces jeunes une prise en charge sociale, psycho-éducative, paramédicale et médicale afin de favoriser chez-eux le développement du meilleur niveau d’autonomie et de participation sociale possible, en prenant en compte leurs demandes et leurs besoins, en collaboration étroite avec leurs représentants légaux et leurs proches.
AMHG-2 : Quel est votre parcours professionnel ?
Mon formidable parcours professionnel (oui… j’en suis satisfaite, je dirai même que j’en suis fière !) se construit depuis 29 ans dans le secteur. Dès le départ, je saisis les opportunités qui se présentent et je parviens à rendre ce parcours riche et dynamique. Je démarre donc en 1994 en tant qu’éducatrice scolaire (je ne sais pas si ce type de poste existe encore dans notre convention !) pour accompagner des élèves présentant une déficience auditive. Il s’agit de soutenir une scolarité et une adaptation en milieu scolaire ordinaire. Proactive, rigoureuse et responsable, je me forme parallèlement. Dix ans plus tard, Educatrice spécialisée, je m’oriente vers un établissement d’accueil non médicalisé pour adultes porteurs de trisomie 21. J’y croise un manager hors pair qui suscite chez moi le désir de suivre sa trace. Une proposition m’est faite alors de rejoindre un établissement de formation en travail social. Formidable expérience qui me permet, par une posture réflexive permanente de renforcer mes compétences et d’en développer de nouvelles. Dois-je préciser que tout au long de ce parcours, je ne cesse de me former !? Ma riche mais somme toute difficile expérience en centre de formation est interrompue lorsque je choisis de revenir « sur le terrain ». J’intègre alors l’IME « Les Gommiers » en tant que chef de service. Responsable tour à tour des unités spécialisées pour les enfants et les jeunes présentant un Trouble du spectre autistique (TSA) et désormais ingénieure sociale, j’assume depuis bientôt trois ans maintenant les responsabilités de chef de service de l’IMPro.
AMHG-3 : Quelles sont vos missions actuellement ?
En tant que chef de service, je manage l’équipe pluriprofessionnelle chargée d’accompagner la soixantaine de jeunes accueillie à l’IMPro. Il s’agit de développer une collaboration avec les familles et d’œuvrer à la conception et à la conduite des projets personnalisés des jeunes dans le but de les aider à se promouvoir autant que possible. Il s’agit finalement de les préparer à une vie d’adulte, une vie citoyenne, digne et au mieux autonome. Je demeure un adulte de référence pour ces jeunes eux-mêmes, par mon équation personnelle et au-delà de ma position hiérarchique.
Je contribue au développement de la structure et à son ouverture sur l’extérieur. Mon intérêt pour l’évolution des politiques sociales me conduit souvent à proposer des projets innovants et également me positionner, à ce titre, dans l’équipe de direction comme une personne ressource.
AMHG-4 : Quelle est votre vision managériale et comment collaborez-vous avec vos collègues du territoire ?
Je suis une femme guadeloupéenne ! L’esclavage étant aboli, je considère que le travail doit être un espace d’épanouissement individuel pour chaque professionnel. Je suis horripilée par les attitudes de « petit chef », je ne m’inscris donc pas dans ce registre. Je mets un point d’honneur à respecter et à valoriser mes collaborateurs dans leurs compétences et j’estime que mon rôle est aussi de les accompagner et de les soutenir pour qu’ils se perfectionnent dans leurs champs de compétences. On a beau dire que les guadeloupéens sont « impossibles à manager », j’ai beau faire les frais de sérieuses résistances, je continue de défendre les valeurs qui sont les miennes sans jamais perdre de vue notre commune humanité.
Dans notre secteur, les collaborations dépendent des projets, des besoins mais aussi et surtout des Hommes ! Dès que j’en ai l’opportunité, à mon initiative ou à celles de mes confrères, je m’engage dans les actions transversales qui peuvent permettre d’apporter une plus-value en matière de qualité de service rendu aux usagers de nos structures.
AMHG-5 : Quelle définition et quelle place accordez-vous à la communication dans votre environnement professionnel ?
La communication a une place centrale ! Les évolutions technologiques offrent de nouvelles possibilités mais c’est dans la Rencontre des Hommes que l’action de notre secteur d’activité prend tout son sens. Nous sommes dans une phase de transition et nous devons garder une certaine vigilance : la technologie doit pouvoir faciliter notre communication professionnelle, il faut d’ailleurs s’approprier ces nouveaux outils, mais nous devons continuer à nous rencontrer physiquement, à travailler dans le meilleur esprit. Les périodes de confinement liées à la crise sanitaire nous ont permis de nous rendre compte à quel point la technologie, ne peut satisfaire, à ce jour, le besoin de socialisation de chacun. Beaucoup d’études sont encore en cours, sur l’impact du télétravail, sur la santé mentale des jeunes…
La gestion au quotidien de situations individuelles parfois très complexes nécessite une communication tracée, suivie, avec des méthodes plurielles qui doivent s’adapter à la singularité de la situation. Mais plus le temps passe et plus il me semble que la communication n’a comme objectif que de se protéger, se mettre à l’abri ! Mais communiquer est un acte d’engagement pourtant !
La communication en face à face a cela d’important, à mon avis, qu’elle permet à un manager de manifester le respect et la considération qu’il a pour un collaborateur. En présentiel, les biais sont réduits ; prendre le temps de la rencontre, c’est aussi améliorer la qualité de la transmission des messages. Qu’il s’agisse de partager, de valoriser ou de recadrer, le travailleur social que je suis, aime commencer par rencontrer…« fasadé » !
AMHG-6 : Le secteur médico-social est moins « médiatisé » que d’autres secteurs de santé, qu’est-ce qui peut expliquer cela selon vous ?
Dans nos métiers du secteur médico-social, très attachés anciennement à la notion de vocation, on avait souvent tendance à concevoir une antinomie entre humilité et médiatisation.
Nous savons aussi qu’historiquement les personnes en situation de handicap étaient souvent cachées dans les familles. La création d’établissements médico-sociaux, malgré la bonne intention, a quand même été l’occasion de continuer à les cacher, ailleurs que dans les familles et toutes regroupées. Les initiatives des uns et des autres, professionnels du médico-social engagés, ont précédé les politiques sociales en faveur de l’inclusion. Le travail d’ouverture vers l’extérieur, sur ce que nous appelons « le milieu ordinaire », est mis en œuvre, mais la communication autour des actions entreprises reste insuffisante, probablement par manque d’intérêt des médias.
La priorité aujourd’hui est à l’accès au droit commun pour les personnes que nous accompagnons. Il ne sera peut-être plus question de braquer les projecteurs sur ces personnes. Il faudra réfléchir : Nous voulons communiquer sur quoi ? Et dans quel but ?
AMHG-7 : Quel message souhaitez-vous faire passer aux managers de santé ?
Je ne serai pas originale : Humanité, éthique, rigueur et responsabilité pour contribuer à la construction du Pays Guadeloupe.
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Les petites confidences :
Sport(s) : Chut… ne parlons pas de sujets difficiles !
Loisirs : Vie associative, musique, culture régionale.
Musique : Très éclectique !
Personnalité préférée : Mes enfants !
Plat préféré : On bon ziyanm’ jòn é vyann kochon wousi (igname jaune et viande de porc).
Dicton ou proverbe : Plutôt la devise inculquée dès mon enfance : Faire face avec le sourire !
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L’AMHG remercie chaleureusement madame Aude PHARAOH pour sa contribution.
Parution : 5 mars 2023
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Aujourd’hui nous publions la 68ème interview, *nouvelle formule (bimensuelle).
Newsletter/mail de l’AMHG, + 900 abonnés (+ Linkedin, Twitter et Facebook) relayée également par l’un de nos partenaires médias, newsletter managersante.com, 20.000 abonnés
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L’Association des Managers Hospitaliers de Guadeloupe vous remercie pour vos très nombreux messages d’encouragement.
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JOURNÉES PORTES OUVERTES DES IEFP DE GUADELOUPE
Les instituts et écoles de formation paramédicale du CHU de Guadeloupe ont organisé 2 journées portes ouvertes les vendredi 24 et mardi 28 février 2023 sur les sites de Pointe-à-Pitre et de Saint-Claude.
Les équipes pédagogiques, administratives et logistiques accompagnées de quelques étudiants de chaque filière se sont retrouvées autour de l’accueil de lycéens, de demandeurs d’emploi et de professionnels de santé. Il s’agissait pour nous de mener une large campagne de communication sur les offres de formation proposées par nos instituts en expliquant les différents parcours et accès possibles.
Ainsi, nos visiteurs ont pu découvrir le cursus de formation pour devenir Infirmier, infirmier anesthésiste, infirmier puériculteur, aide-soignant, auxiliaire de puériculture, ambulancier ou auxiliaire ambulancier. Les voies de sélection « parcoursup » et d’entretien de sélection ont été abordées ainsi que les possibilités de préparation aux entretiens de sélection.
Nous avons aussi mis en exergue les exigences des cursus de formation et les valeurs prônées au sein des instituts. Nous tenions à bien mettre en avant l’importance de la motivation pour intégrer ces formations qui doit s’accompagner d’une large implication et d’un certain investissement personnel pour voir aboutir son projet.
Des entretiens groupés et/ou individuels se sont déroulés. Les plus jeunes de nos visiteurs ont bénéficié de la présence de leurs parents pour apaiser leurs craintes et favoriser la formulation de leurs interrogations.
Nos étudiants en formation présents sur ces 2 journées ont su, avec des discours bienveillants, rassurer et orienter les visiteurs tout en les renseignant sur la vraie vie des étudiants en formation sanitaire.
Nous avons profité de cette occasion pour offrir 3 projections du court métrage de l’avancement des travaux de notre nouveau CHU de Guadeloupe, tout en leur donnant l’envie de venir y travailler un jour.
Nos partenaires privilégiés ont répondu aussi à l’appel : le Conseil Régional de Guadeloupe, le CHU de Guadeloupe, la Directions de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (DEETS), l’ARS de Guadeloupe, Pôle Emploi et le Rectorat.
Carton plein pour ces 2 journées avec un nombre de passages évalué à plus de 400 visiteurs !
Notre objectif a été atteint et nous espérons retrouver ces futurs candidats lors de nos prochaines épreuves de sélection en vue d’une intégration au sein de nos instituts.
Un grand merci à toutes les équipes, étudiants et partenaires mobilisés pour la réussite de cette manifestation.
Niza PIERROT
Directrice des soins
Coordinatrice des IEFP
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Communication GIP RASPEG
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Article : Le Parisien Économie du 21 février 2023
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Archives : 7 questions de l’AMGH
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