Les 7 questions de la semaine – Interview n°14 (G. FAHRASMANE)

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Chaque semaine l’AMHG vous invite à faire connaissance avec un manager hospitalier du secteur public ou privé de l’archipel guadeloupéen.

Aujourd’hui nous allons à la rencontre de,

FAHRASMANE Gaëlle

Cadre de santé Formateur – IFSI/IEFP – CHU de la Guadeloupe

AMHG : 1 – Présentez-nous votre établissement ?

J’exerce au sein des Instituts et Ecoles de Formation Paramédicaux (IEFP) du Centre Hospitalier Universitaire de la Guadeloupe (CHUG). Les IEFP regroupent 6 structures de formation : l’Institut de Formation en Soins Infirmiers (IFSI), l’Institut de Formation Interrégional de Puériculture (IFP), l’Ecole Interrégionale d’Infirmiers Anesthésistes (EIADE), l’Institut de Formation d’Aides-Soignants (IFAS), l’Institut de Formation d’Ambulanciers et Auxiliaire Ambulanciers (IFA), l’Institut de formation d’Auxiliaire de Puériculture (IFAP). Ils dispensent donc de la formation initiale et de la formation continue.

Ces formations sont dispensées sur le site du CHUG à Pointe-à-Pitre (EIADE/IFSI/IFP) et sur le Campus sanitaire et social de Saint-Claude (IFSI/ IFAS/IFAP/IFA).

Les IEFP de Guadeloupe constituent un pôle de formation qui vise la diplomation de professionnels compétents qui pourront répondre, grâce aux compétences acquises, aux missions de leur profession. Ces missions sont principalement centrées sur le « Prendre soin » tout en garantissant la qualité et la sécurité des soins dispensés.

La formation infirmière est dispensée dans le département depuis les années 50 et représente la formation qui dispose du plus gros effectif d’étudiants, soit 150 par an.

Notre activité pédagogique met en collaboration des cadres de santé formateurs, des infirmiers formateurs, des agents administratifs et techniques, sous la hiérarchie d’une équipe de direction. La continuité et la réussite de la formation sont le fruit de cette coopération.

AMHG : 2 – Quel est votre parcours professionnel ?

Je suis infirmière diplômée d’Etat depuis l’an 2000 et j’ai exercé principalement au CHUG dans des unités de médecine et de chirurgie. Au cours de ces années j’ai découvert l’institution hospitalière, j’ai développé des compétences et j’ai acquis un DU en Hygiène Hospitalière qui m’a permis d’étayer mon rôle de correspondant en Hygiène dans les services de soins. J’ai de plus eu l’opportunité de participer à des groupes de travail menés par la Direction des soins. Cette implication m’a permis de cerner les contours de ma profession et a contribué à mon épanouissement professionnel.

Curieuse de découvrir le mode d’exercice extrahospitalier, j’ai eu une activité libérale de 2007 à 2009. En parallèle de cette activité, j’ai eu l’opportunité d’assurer la direction d’un Accueil de Jour pour des personnes atteintes de Maladie d’Alzheimer à Sainte Anne. Cette riche expérience  a développé mon autonomie professionnelle, ma capacité décisionnelle mais aussi ma réflexivité et mon analyse des situations professionnelles. De plus, elle m’a permis aussi d’identifier des axes d’amélioration et de définir de nouveaux objectifs personnels et professionnels.

En 2009, j’intègre l’IFCS du CHU de Bordeaux. A l’issue de ma formation j’ai exercé en qualité de cadre de santé du service de pneumologie du pôle cardio-thoracique du CHU de Bordeaux. J’ai eu la chance que me soient confiées, en plus de l’activité de l’unité de soins, des missions d’ouverture d’un hôpital de semaine et d’un centre de ressources et de compétences pour la mucoviscidose. Il s’agissait d’un énorme défi pour la jeune cadre de santé que j’étais, mais j’ai trouvé un grand appui auprès de mes collègues cadres de santé de proximité du pôle, des cadres de pôle et également de la Coordination des soins. Ces projets m’ont demandé de m’investir dans la gestion des travaux, de tisser la cohérence avec le projet de soins institutionnel et d’obtenir l’adhésion des équipes soignantes qui se sont investies. Les structures ont pu ainsi émerger très vite et devenir opérationnelles immédiatement.

En juillet 2012, je suis mutée au sein de l’IFSI de Guadeloupe, à l’antenne de Pointe à Pitre. En dehors des enseignements dispensés à l’IFCS et de l’accompagnement des étudiants en stage dans le service de pneumologie, je suis entièrement novice quant à la pédagogie. Un autre défi se présentait donc. J’ai assisté à de nombreux cours de mes collègues notamment en sciences infirmières. J’ai élaboré aussi des cours en collaboration avec certaines et, progressivement, j’ai développé mon autonomie de formateur.

J’ai cherché à me former continuellement pour répondre aux mieux à mes missions. J’ai obtenu un Master Sciences de la santé option « sciences cliniques infirmière » à l’Université d’Aix-Marseille en 2014 pour développer une expertise dans la dispensation des cours en lien avec le cœur de métier. En 2015 j’obtiens un DU « Qualité, Evaluation et Certification : Application aux secteurs sanitaire et médico-social » à l’ Université Caen Normandie et en 2018 j’ai validé un Master « Ingénierie et Conseil en formation » à l’ Institut des Sciences et Pratiques d’Education et de Formation (ISPEF) de l’Université Lyon 2.

AMHG : 3 – Quelles sont vos missions actuellement ?

A ce jour, je demeure formateur. J’interviens dans plusieurs instituts de formation (IFAS/IFAP/IFA/IFSI) sur des thématiques ciblées. De plus, j’assure des missions transversales dans la conduite et le suivi de projets (le Service Sanitaire des Étudiants en Santé, le projet Erasmus, la Démarche qualité, …).

Je suis aussi Conseiller scientifique paramédical de l’IFSI, notamment dans les Instances pédagogiques et déléguée régionale du CEFIEC Antilles-Guyane. En tant que chargée de communication du comité interrégional, je fais le lien entre les collègues des DFA et le bureau national.

AMHG : 4 – Quelles sont vos conceptions de l’enseignement et du management en IFSI ?

Je parlerais précisément de formation professionnalisante et pas uniquement d’enseignement. En effet, il s’agit pour moi d’un abord différent qui inclut l’accompagnement pédagogique, la transmission de valeurs professionnelles, de savoirs faire, savoir être, savoirs, …  en vue d’optimiser l’insertion professionnelle du jeune diplômé.

En ce sens, le formateur identifie des objectifs pédagogiques, souvent répertoriés dans un projet pédagogique, vers lequel il accompagne et assure  une fonction d’étayage auprès de l’étudiant. Il favorise l’acquisition et le développement des compétences des apprenants tout en stimulant leur motivation extrinsèque.

Le manager anime des équipes en les accompagnant vers des objectifs, tout en valorisant les compétences de chacun et ainsi la singularité de chaque acteur. Il encourage chacun à donner du sens à ses activités. De plus il reste garant de la qualité des soins dispensés.

Ces conceptions sont convergentes selon moi car le cadre de santé formateur en institut se retrouve dans ces différents contours de l’exercice professionnel. Ainsi il allie management et andragogie en gardant pour points communs la notion d’objectifs (les siens comme ceux des étudiants), les valeurs professionnelles, l’acquisition de compétences et des savoirs  mais aussi le souci de la qualité de la formation pour viser au final la qualité des soins dispensés aux patients par ces futurs professionnels.

AMHG : 5 – Depuis la nouvelle réforme, comment collaborez-vous avec les maitres de stage et tuteurs-trices des unités de soins ?

La nouvelle réforme…. Il est intéressant de voir que la réforme instituant le référentiel de formation date de juillet 2009 soit plus de 11 ans, toutefois l’appellation de « nouvelle réforme » perdure. Cependant nous avons un recul qui nous permet de formuler quelques analyses notamment sur la collaboration avec les maitres et tuteurs de stage.

J’exerce à l’IFSI depuis 2012 donc je n’ai jamais utilisé que ce référentiel de formation.

La collaboration s’exprime tout d’abord à travers une communication qui demeure constamment ouverte et en se montrant disponible pour tout interlocuteur du terrain de stage.

En amont, le lien professionnel est établi entre le responsable pédagogique référent des stages et les terrains. Par la suite les formateurs assurent, auprès de chaque étudiant au cours de son stage, un accompagnement pédagogique.  Réalisée en présence d’un tuteur et planifiée en collaboration avec le maitre de stage, cette séquence pédagogique permet d’accompagner l’étudiant dans l’acquisition de compétences et dans le développement de la transférabilité de ses savoirs. Elle favorise l’alternance intégrative et donc la mobilisation de connaissances acquises en formation théorique et clinique.

L’accompagnement en formation clinique vise à développer la réflexivité de l’étudiant et optimise la collaboration entre les professionnels chargés de la formation des apprenants. Il favorise aussi l’identification des difficultés des étudiants, et  permet tant à l’équipe soignante du terrain de stage qu’au formateur de travailler ensemble à des stratégies pédagogiques personnalisées, autour de chaque étudiant.

Je mets en avant la disponibilité pour expliciter des éléments du référentiel ou l’approche pédagogique pour chaque compétence aux professionnels qui nous sollicitent.

Des journées d’étude sont aussi organisées, au cours desquels tuteurs-maitres de stage-formateurs mènent des réflexions constructives pour garantir la qualité de la formation.

Des tuteurs et des maitres de stage participent à certaines instances pédagogiques car il apparaît clairement que la formation des jeunes professionnels est le résultat d’un travail conjoint.

Cette responsabilité partagée autour des parcours de formation est importante et demande un grand investissement de chaque collaborateur.

Tous ces temps de travail sont des moments que j’apprécie particulièrement parce que je suis toujours ravie de collaborer avec des collègues des unités de soins et ce que chacun apporte, au regard de la particularité du service ou de l’établissement nous conduit, à chaque fois, à des résultats très riches.

Je reste une militante du décloisonnement.

AMHG : 6 – L’année 2020 vient de se terminer, comment appréhendez-vous celle qui commence ?

L’année 2020 a été particulière et a demandé un fort investissement de tous les professionnels soignants, des instituts de formation aux services de soins. Toutefois, je suis très enthousiaste face à celle qui commence. Les instituts ont dû adapter ou modifier les modalités pédagogiques pour assurer la continuité de la formation. Mais je retiens avant tout que cet impératif a été l’opportunité de dynamiser certaines pratiques, de réinventer des outils et développer de l’innovation pédagogique.

Sur cette même dynamique, l’année 2021 va permettre de faire face à de nouveaux défis de développement numérique et de digitalisation tout en gardant le cap d’une formation de qualité.

AMHG : 7 – Comment imaginez-vous votre fonction de cadre formateur dans les prochaines années ?

 La fonction de formateur s’est adaptée à l’universitarisation des professions de santé ainsi qu’aux mutations structurelles et organisationnelles progressives des instituts. Face à ces changements de paradigme, les pratiques ont été bouleversées. C’est même l’identité professionnelle du formateur qui évolue.

Je pense que certains modèles influenceront beaucoup le modèle français et que l’on retrouvera la formation dans des départements de Sciences infirmières à l’université. Des formateurs docteurs en sciences infirmières ou chargés d’enseignement avec des niveaux master conduiront les recherches et les enseignements. Des cadres de santé formateurs exerceront peut être aussi directement au sein des pôles pour assurer la coordination de la formation clinique en collaboration avec des infirmiers de pratiques avancée. Ce ne sont là que des idées…

C’est selon moi une mutation identitaire à envisager qui demande une veille constante des formateurs qui ne doivent pas s’éloigner de l’importance de garder la formation de notre cœur de métier au centre de ces évolutions.

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Les petites confidences :

Livre : Le vieux Neg’ – Nathan LUCE
Sport : la course a pied
Loisirs : la peinture, le cinéma, les expositions
Musique : Gilberto Gil, Esperanza Sploding, la bossa nova, le gwo-ka
Personnalité préférée : Michelle OBAMA
Plat préféré : la fricassée de lambi, le fruit à pain
Coup de cœur : Ma famille
Dicton ou proverbe : Aucun de nous, en agissant seul, ne peut atteindre le succès – N. MANDELA

A vos agendas : https://amh-guadeloupe.com/a-vos-agendas-les-jamhg-journees-annuelles-des-managers-hospitaliers-de-guadeloupe-auront-lieu-les-18-et-19-novembre-2021-le-format-dependra-de-lactualite-sanitaire/

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L’AMHG remercie :

Sainte-Anne Ambulance, Silver Santé Assistance,

HSSC – Hygiène Santé Caraïbes, Ambulance Les Acacias –

Patrick Ambulance – cubtec.com

Twitter : AMHG_officiel   –   LinkedIn : Secrétariat AMHG   –  

Site internet : amh-guadeloupe.com

Date de parution : 14 février 2021

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