Les 7 questions de la semaine – Interview n°20 (C. MOCO) – AMHG – Association des Managers Hospitaliers de Guadeloupe

Chaque semaine l’AMHG vous invite à faire connaissance avec un manager hospitalier du secteur public ou privé de l’archipel guadeloupéen.

Aujourd’hui nous allons à la rencontre de,

Claudine MOCO, Responsable de l’équipe d’hygiène mobile de territoire dédiée aux établissements médicosociaux des Iles de Guadeloupe et Iles du Nord

AMHG 1 – Pouvez-vous vous présenter ?

Je suis Cadre de santé, filière infirmière, expert en prévention du risque infectieux. Depuis octobre 2017, je suis responsable de l’EHMeS, qui est une équipe d’hygiène mobile dédiée aux établissements médicosociaux (EMS) des Iles de Guadeloupe et Iles du nord (Saint-Martin et Saint-Barthélemy).

C’est une structure financée par l’ARS, mais rattachée au Centre Gérontologique J. SALIN (ex CHGR), dont la mission est d’accompagner les EMS dans leur démarche de gestion du risque infectieux.

AMHG 2 – Quel est votre parcours professionnel ?

J’ai débuté ma carrière professionnelle en tant qu’infirmière hospitalière au CHU de la Guadeloupe en 1988. J’ai exercé dans de multiples services, mais ma carrière a surtout été marquée par mes 9 ans de pratique en Oncologie.

C’est dans ce service que j’ai commencé à approfondir les questions liées à l’hygiène et la qualité des soins, en acceptant la mission de correspondant d’hygiène. Un correspondant très actif, qui a notamment mis en place la sécurisation de l’utilisation des chambres à cathéter implantables en Guadeloupe, et a participé à l’écriture de recommandations nationales relatives à « la manipulation des cytotoxiques dans les établissements de santé ».

Afin d’avoir une réelle expertise, en 1998, j’ai préparé avec succès un diplôme universitaire en hygiène hospitalière. 3 ans plus tard, j’ai accédé à un poste d’infirmière hygiéniste pratiquant en mission transversale.

En 2003, j’ai obtenu le diplôme de Cadre de Santé et une licence en Ingénierie de la santé, préparés à l’école Supérieur Montsouris et l’université Paris XII. J’ai complété ma formation, avec un DU « Qualité, EPP et Gestion des risques » en 2009.

De mon retour de formation de cadre à septembre 2017, j’ai pratiqué en tant que Cadre Hygiéniste au CHU de la Guadeloupe. J’ai mis à la disposition du CHU mes compétences de porteur de projets. En effet, mon expérience du management de proximité d’une équipe s’est limitée à encadrer l’équipe du service des Maladies Infectieuses environ une dizaine de mois.

Ce furent 17 ans riches, pendant lesquels j’ai mis en place la sécurisation infectieuse de certains soins (l’endoscopie par exemple), réalisé des évaluations de pratiques et de structures, élaboré des indicateurs relatifs au risque infectieux, géré des crises sanitaires et piloté des groupes projet (certification, écriture charte des valeurs institutionnelles, entretien des locaux, entre autres).

Par ailleurs, la pédagogie avait aussi une grande place, tant en termes d’ingénierie de formation en hygiène hospitalière, que de dispensation de cours : à l’Université des Antilles, dans les Instituts de formation paramédicale et en institut de formation continue du CHU.

J’ai aussi apprécié de collaborer à l’écriture de recommandations nationales sur 6 thématiques en lien avec le risque infectieux.

Au 1er Octobre 2017, j’ai débuté dans la fonction que j’occupe actuellement : Cadre Hygiéniste responsable de l’équipe opérationnelle dédiée aux établissements médicosociaux des îles de Guadeloupe.

Sur ce poste, ma première mission a été de mettre en place l’EHMeS, à partir de la convention : écriture des documents administratifs, recrutement des établissements, promotion de la structure.

AMHG 3 – Quelles sont vos missions actuellement ?

Ma mission principale consiste à accompagner les établissements médicosociaux des iles de Guadeloupe à initier en leur sein et à formaliser une démarche d’analyse du risque infectieux. Concrètement, il s’agit de les aider à recenser, hiérarchiser et traiter les risques d’origine infectieuse existant chez eux. L’atteinte de cet objectif passe par des missions de formation, évaluation, conseil, expertise, gestion de crises et d’accompagnement méthodologique.

J’interviens sur proposition de ma part ou à la demande des EMS. Mes contacts privilégiés sont les Directeurs, Médecins coordonnateurs, cadres et infirmiers coordonnateurs, en fonction des dossiers.

AMHG 4 – Nous supposons que depuis la pandémie Covid-19 vous avez dû adapter vos pratiques professionnelles ainsi que votre mode de communication ?

Effectivement, si la pandémie de Covid-19 n’empêche en rien mes déplacements dans les EMS mais, s’agissant des formations et des réunions de réseau, nous les réalisons désormais en visioconférence. Cela crée une inégalité entre les établissements équipés et les autres, les professionnels victimes d’illectronisme et les autres.

AMHG 5 – Quelle est votre vision managériale ?

Pour moi, le management est situationnel, car de tous les types managériaux théorisés, aucun n’est adapté à toutes les situations, ni à tous les individus. Il est aussi contreproductif d’être directif avec une personne compétente, motivée et autonome, que de faire une prescription ouverte à un professionnel qui a une autonomie et une motivation très faibles.

Il est donc important d’être attentif aux êtres humains avec lesquels on doit collaborer. Afin de diagnostiquer leurs niveaux de compétence et d’autonomie par rapport à la mission ou la tâche à accomplir, et adapter son management.

AMHG 6 – Votre parcours et vos différentes expériences vous permettent de porter un regard sur l’évolution du management hospitalier. Quels sont selon vous les points forts d’aujourd’hui ?

Pour moi, les points forts du management hospitalier actuel sont : la formation des managers, leur complémentarité (de santé, financiers, administratifs et techniques), l’existence de structures d’appui spécialisée et la disponibilité d’outils facilitant le benchmarking. L’organisation polaire est aussi une force mais, mal utilisée, peut devenir une faiblesse institutionnelle (politique de chapelle).

AMHG 7 – Quel message souhaitez-vous faire passer aux cadres/managers hospitaliers ?

J’ai lu quelque part : « Il n’existe pas une science infuse du management ». En effet, aucun d’entre nous ne sait tout ; le travail en réseau est donc une belle opportunité à saisir.

Les petites confidences :

Livre(s) : En ce moment : « Le jour où les Antilles feront peuple » de Matthieu GAMA / « Être humain, pleinement » d’Axel KHAN
Sports : Toutes les danses, avec une passion pour le Gwo-ka et la salsa – Les randonnées
Loisirs : Regroupements familiaux, voyages, Association les Cuisinières de Guadeloupe, scrabble, sudoku, danser et le carnaval (eh oui, je suis « Mass » !)
Musique : Je suis mélomane avec des goûts éclectiques : B.MARLEY, E. PIAF, C. EVORA, P. St-ELOI, G. BENSON, W. MONZA, E. MONA, C. SEGUNDO, P. SLEDJE, N. NED, E. PEDURAND, R. LOISON, etc…
Personnalité préférée : Nelson MANDELA, parce que pour moi, MADIBA avait l’amour de son peuple et de son pays, était un homme de paix intelligent, persévérant, intègre et congruent.
Plat préféré : Un vrai Bébélé de Marie-Galante ou langouste grillée +racine + sauce chien
Coup de cœur : Mon pays auquel je suis « chouké » et ma fille unique
Dicton ou proverbe : « Apatoudi menné koulèv lékol, sé fè-y sizé ki mèt » (Il est facile de vouloir tout entreprendre, seule compte la réussite du projet)