Les 7 questions de l’AMHG* – Interview n°79 – Éricka GUIEBA

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Depuis 2020, l’AMHG vous invite à faire connaissance avec un cadre/manager hospitalier du secteur public ou privé de l’archipel guadeloupéen.

Aujourd’hui nous allons à la rencontre de,

Ericka GUIEBA
Cadre de santé paramédical
USLD/Centre Hospitalier Gérontologique Jacques Salin – Les Abymes

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1 – AMHG : Pouvez-vous nous présenter votre service ?

L’USLD est une structure d’hébergement et de soins qui accueille majoritairement des personnes âgées de plus de 60 ans, en état de grande dépendance physique et psychique, qui nécessitent un suivi médical rapproché, une surveillance des soins médicaux permanente et constante et un accompagnement global en matière d’aide aux actes de la vie quotidienne.

 Les moyens médicaux qui sont mis en œuvre sont plus importants que dans les Ehpad, car c’est un lieu de soins. Mais la structure reste un véritable lieu de vie pour les résidents.

C’est un service « ouvert » doté d’une capacité d’accueil de 54 lits. Il est situé au pavillon Martinique du Centre Hospitalier Gérontologique Jacques Salin, site de Palais-Royal.

Dans cet environnement, j’ai le privilège de collaborer avec des psychologues, des assistantes sociales, des secrétaires médicales, une équipe d’animation, une socio-esthéticienne, des gériatres, des médecins généralistes, des kinésithérapeutes, des orthophonistes, des ergothérapeutes, des ASH, des Aides- soignants, des infirmiers.

 L’équipe pluridisciplinaire est impliquée, dynamique et fait en sorte de mettre de la vie dans l’unité afin que les résidents se sentent chez eux. Aussi toute l’année elle met en place des activités, des moments festifs, des sorties. Ces actions visent à stimuler la mémoire des résidents, leur permettre de se mouvoir et sortir du quotidien, rompre l’isolement, et renforcer les liens intergénérationnels, familiaux et soignants.

Les diagnostiques principaux sont les maladies chroniques et dégénératives et les suites d’AVC.

2 – AMHG : Parlez-nous de votre parcours professionnel

Préparatrice en Pharmacie diplômée j’entame ma carrière professionnelle en 2010 au sein d’une officine de ville où j’ai pu exercer cette profession durant une année. Par voie de concours en 2011 j’ai intégré le milieu hospitalier en tant qu’apprentie au Centre Hospitalier de la Basse-Terre. Ce choix de carrière a été mûrement réfléchi et mon orientation vers le milieu hospitalier est apparue comme une évidence. Travailler en hôpital est une réelle opportunité.

A l’issue de cette année de formation, j’ai obtenu mon Diplôme de Préparateur en Pharmacie Hospitalière (DPPH) et j’intègre la Pharmacie à Usage Intérieur (PUI) de la polyclinique de la Guadeloupe. En cinq années, j’ai acquis de nombreuses compétences et la maîtrise de l’ensemble du circuit des médicaments et des dispositifs médicaux. La PUI de cet établissement étant une petite entité, j’ai pu diversifier mon champ d’action et devenir polyvalente. Ainsi j’y ai développé le sens de l’organisation et des responsabilités car, en plus de mes tâches quotidiennes, j’ai opéré en tant que correspondant en hygiène et référente plaie et cicatrisation.

 Toujours en quête de nouvelles compétences et saisissant une opportunité j’ai intégré, en 2017, un poste de PPH au sein de la PUI du CHU de Pointe à Pitre/Abymes. Ma mission phare a été mon déploiement sur le site de la clinique Les Eaux claires à la suite d’un incendie en Novembre 2017. Cela m’a plongée au cœur de missions de management afférentes à la gestion de la pharmacie des services délocalisés. Malgré ma faible connaissance de la nouvelle institution que je venais d’intégrer, j’ai su relever le défi et organiser la pharmacie de 5 services. Pour y parvenir, j’ai usé de leviers tels que la créativité, la coopération et surtout l’échange qui m’a permis d’avoir des liens solides avec mes collaborateurs. Cette expérience a creusé en moi l’envie d’évoluer vers la fonction d’encadrement.

J’ai par la suite assumé d’autres activités telles que la rétrocession, la gestion et l’approvisionnement des médicaments, des dispositifs médicaux stériles (DMS) et des dispositifs médicaux implantables (DMI).

Grâce à ces missions, j’ai développé des compétences dans les domaines du relationnel, de la collaboration, de la communication, de la concentration et de l’anticipation. D’ailleurs chaque jour je me rends compte de l’importance de telles compétences car elles sont essentielles pour répondre aux demandes de soins de plus en plus complexes des patients.

En 2021 je concrétise mon projet professionnel en intégrant l’institut de formation des Cadres de Santé des Hôpitaux de Paris.  Ce fut pour moi un privilège et une fierté car cette école a pour réputation d’être l’école des élites et d’être fermée aux étudiants externes de leur institution. Durant cette année de formation je me suis tout de suite positionnée afin de réaliser tous mes stages en secteur de soins.

J’ai apprécié cette diversité et la proximité avec les patients même si cela n’a pas toujours été évident. Travailler en service de soins est un véritable décloisonnement car plusieurs métiers y affèrent chaque jour. Je me suis rendu compte de la complexité d’être cadre de santé hors filière mais cela ne m’a pas démotivée mais au contraire éveillée. Et j’ai d’ailleurs effectué mon dernier stage de perfectionnement aux urgences de la Pitié-Salpêtrière.

Outre le diplôme de cadre de santé, j’ai obtenu un Master 2 « Qualité Sécurité des Parcours de Soins (QSPS) ».

A mon retour de formation, j’ai eu l’opportunité d’obtenir un poste de cadre de santé à la PUI du Centre Hospitaliser de la Basse-Terre.

 Très vite, j’ai une insatisfaction car mon projet initial était d’exercer en service de soins vu que durant toute ma carrière professionnelle j’ai œuvré en pharmacie. Il faut noter qu’il est plus difficile pour les médico-techniques, au vu de la spécificité de notre métier, de changer de secteur d’activité. C’est pour cela que nous sommes nombreux à viser une école de cadres de santé dans notre carrière professionnelle qui facilite notre décloisonnement. En plus de la typologie, la situation géographique de l’établissement par rapport à mon domicile me compliquait la tâche.  C’est pour cela que je postule au Centre Hospitalier Gérontologique Jacques Salin et obtiens un poste de Cadre de Santé en USLD.

3 – AMHG : Comment avez-vous construit votre projet ?

En 2019 souhaitant développer mon enrichissement professionnel, personnel et assouvir ma curiosité intellectuelle, j’ai intégré le Service Universitaire de la Formation Continue (SFUC) pour y préparer une Licence en Droit, Economie et Gestion mention droit public. Ce cursus a été un réel enjeu pour moi car j’ai pu pleinement exprimer mon potentiel et vérifier mes motivations. Pour valider la licence un stage était requis avec pour finalité d’identifier mes compétences et de conforter mon objectif professionnel. C’est pourquoi, souhaitant accéder dans la meilleure condition possible à l’école des cadres de santé et réussir le concours, j’ai réalisé mon stage d’immersion en EPHAD au Centre Hospitalier Gérontologique Jacques Salin où je suis actuellement en poste.

Malgré l’arrêté du 5 août 1995 relatif au diplôme de cadre de santé, dans lequel on attend de ce dernier d’être avant tout un manager, il est encore compliqué pour certains établissements d’intégrer cette culture de décloisonnement de filières et de permettre aux cadres de santé médico-techniques d’intégrer des services de soins. Je suis consciente de la difficulté de se retrouver dans un secteur d’activité où nous n’avons pas d’expertise et je me suis toujours interrogée sur la légitimité et les leviers du cadre médico-technique en service de soins. Ce qui m’a poussée à me questionner sur les différents leviers à mettre en place pour faciliter la mobilité et la polyvalence de ces professionnels et à faire ce stage d’immersion hors secteur médico-technique.

Et Cette structure a répondu partiellement à mes questions en me permettant de participer aux missions d’encadrement. Ce stage a été enrichissant dans ma réflexivité sur la fonction de cadre de santé car je n’avais pas eu l’occasion de faire fonction de cadre de santé, ce qui m’a permis de me rendre compte de la difficulté du terrain et surtout a été déterminant pour mon projet. Aussi je me suis fait la promesse de travailler un jour dans cette structure remplie de vie.

Par la suite, très motivée, je franchis les obstacles et poursuis ma démarche de reconversion professionnelle par mes propres moyens.

4 – Votre vision managériale est-elle la même aujourd’hui ? Pourquoi ?

Ma vision managériale a beaucoup évolué. Avec le recul je comprends mieux des décisions qui ont été prises par mes différents manageurs. Tout au long du cheminement, j’ai développé mes valeurs professionnelles, telles que le sens de l’écoute, la bienveillance, le respect, et j’ai réexaminé mes représentations. J’ai évolué et modifié mes attitudes à l’égard d’autrui pour percevoir, comprendre et traiter les problèmes humains sans jugement. J’ai saisi l’importance de la collaboration et de la coopération pluridisciplinaire dans la conduite de projet. Il m’importe de faire collaborer les professionnels en combinant leurs métiers d’origine afin qu’ils prennent conscience de la richesse que ce brassage apporte. Je suis persuadée que, quelle que soit la fonction dans l’institution, nous avons tous notre place dans les projets. Dans mon rôle de cadre de santé, pour mener des projets, je repère les forces et faiblesses de chacun pour optimiser les ressources humaines et permettre à tous de participer utilement et trouver leur place. En outre, je saisis l’importance d’une communication fluide et adaptée dans la construction de mes rapports à l’autre. En effet, croiser des regards différents apporte des éclairages qui n’auraient pas été permis si chacun était resté dans son univers. Le travail en équipe peut être valorisé à différents niveaux et permettre à chacun de prendre conscience de l’importance de l’autre et de faire ensemble pour mieux faire.

5 – Comment imaginez-vous le management de DEMAIN ?

Le manageur de demain je le vois comme un porteur et un accompagnateur de projets. S’inscrire dans un management par projet permet de gagner en réactivité et en souplesse tout en valorisant les initiatives professionnelles. Il permet de garantir une cohérence stratégique afin que chaque projet s’aligne au projet de l’établissement.

6 – AMHG : Que pensez-vous des actions menées par l’AMHG ?

Déjà la création de cette association nous a permis de tisser des liens professionnels et
surtout d’avoir un réseau actif sur notre île. Les rencontres nous permettent d’échanger sur
les situations rencontrées du terrain et d’y apporter des solutions.
Les actions menées par l’AMHG permettent de rassembler les mangeurs de Guadeloupe en
fédérant autour d’un objectif commun. Elles nous réconfortent dans nos pratiques par les
outils qui nous sont proposés lors des séminaires et autres sans compter la richesse du
partage de chaque intervenant.

7 – AMHG : Quelques conseils et/ou souhaits pour les managers de santé ? Et pour ceux qui souhaitent se lancer dans cette fonction ?

Le cadre de santé est un acteur important du système de soins dans un établissement de santé. Il est garant de la qualité des soins et des prestations offertes aux patients.

Nous ne sommes pas seuls. Il faut œuvrer en équipe pluridisciplinaire et repérer toutes les ressources nécessaires pour une bonne organisation facilitante. Car il est important que les professionnels soient des acteurs actifs au sein de l’organisation de travail et que leurs connaissances et compétences évoluent tout au long de leur parcours professionnel.

Je profite pour passer un message à mes futurs collègues Cadre de santé de filière médico-technique : « décloisonnez-vous ». Profitez de cette évolution professionnelle pour vous positionner en secteur de soins ! Le brassage est magnifique, cela permet d’avoir une vision d’ensemble des soins en établissement.

Et à ceux qui souhaitent se lancer je leur dis de foncer car c’est un beau métier riche en humanité. Et qu’il faut avoir de l’amour pour l’autre pour exercer ce métier.

Je terminerai en citant Henry FORD, industriel automobile : « Se réunir est un début, rester ensemble est un progrès, travailler ensemble est la réussite. »

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Les petites confidences :

Livre(s) : Devenir de Michelle OBAMA – Les cadres de santé à l’hôpital de Paul BOURRET
Sport(s) : Marche, sport en salle
Loisir(s) : Randonné
Musique : Fanny J « Ancrée à ton port »,
Plat préféré : Racine et morue
Dicton ou Proverbe : « Vous n’êtes pas obligé d’occuper un poste pour être un leader. »

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L’AMHG remercie chaleureusement Ericka GUIEBA pour sa contribution.
Parution 29 janvier 2024

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Aujourd’hui nous publions la 79ème interview, *nouvelle formule (bimensuelle).
Newsletter/mail de l’AMHG, + 1000 abonnés (+ Linkedin, Twitter et Facebook) relayée également par l’un de nos partenaires médias, newsletter managersante.com (20.000 abonnés
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Visuel réalisé par https://cubtec.com/

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Quelques mots de madame Olivia RUFAT – Invitée d’honneur des JAMHG – Le Gosier Guadeloupe – 23-24 novembre 2023.

2024 s’ouvre à nous, comme un bouton de rose qui vient d’éclore…et mon regard se pose sur le riche et dense jardin fleuri de 2023, fait de merveilleux moments aux subtils parfums  !

Et parmi ces moments figurent, en haut de ma liste, les remarquables Journées de l’Association des Managers Hospitaliers qui se sont déroulées en Guadeloupe les 23 et 24 novembre 2023 !

Quand j’ai été contactée par Lucien Jean-Denis, Président de l’association, j’ai été ravie et très honorée d’une telle demande. J’ai même eu du mal à le croire, tant cette opportunité était belle.

M’inviter à partager mes expériences et la vision que je porte du management a été un cadeau d’exception. J’ai immédiatement perçu la richesse qu’allait être cette expérience grâce aux échanges et apprentissages qui s’offraient à moi, en rencontrant les extraordinaires managers caribéens, leurs visions comme leurs expériences. Mon séjour a été merveilleux par l’accueil chaleureux des membres de l’association qui m’ont permis de rencontrer de nombreux professionnels et leurs visions. Le programme qui a été pensé m’a permis de découvrir l’île et ses enjeux dans le domaine de la santé, comme le nouveau CHU en construction. Les échanges avec les participants ont été d’une immense richesse humaine ; j’ai beaucoup appris. Le programme des journées a été très riche et la participation des managers hospitaliers de l’île de la Dominique, voisin de la Guadeloupe, a apporté un éclairage passionnant quant à leur système de santé et la situation de ces voisins caribéens trop peu connus. Chaque jour a apporté son lot de richesses à travers des thématiques partagées : le travail en équipe, les défis à relever ensemble, la confiance qu’on ose et qui devient ouvreuse de possibles,  des modèles d’intelligence collective et des inspirations culturelles,  des points de convergence et de différence de systèmes de santé pluriels.   

A travers ces animations et les échanges, nous avons pu choisir de   « marcher notre parole », c’est-à-dire de mettre en accord et en conscience nos paroles et nos actes.

Alors, en cette traditionnelle période des vœux, que souhaiter aux managers hospitaliers, acteurs de santé engagés au quotidien, au service des patients, résidents, usagers et de leurs familles ? Que souhaiter aux incroyables équipes qui œuvrent chaque jour sous toutes les latitudes pour des soins plus justes, plus sûrs, des soins respectueux, durables, inconditionnels ?

Énergie, Dynamisme, Optimisme, Contribution, Collaboration, Co-Construction sont des mots qui me viennent à l’évocation de la puissante démonstration de ce qu’il est possible de faire ensemble, tous mobilisés pour une même cause. Alors merci à l’AMHG et à tous pour cette extraordinaire mobilisation. Car oui, nous pouvons décider de travailler ensemble, pour réussir ensemble !

Belle année 2024.

Olivia RUFAT
Directrice des soins, Coordonnatrice Générale des Activités de Soins
Hôpitaux du Nord Gironde
Présidente de la commission paramédicale du GHT Alliance de Gironde  

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Guadeloupe. Le marketing de la santé en débat avec l’Association des managers hospitaliers (https://www.karibinfo.com/)

Docteure en sciences de gestion et management, chercheure associée au laboratoire Vallorem, Marie-Georges Fayn anime une conférence-débat à destination des professionnels sur le marketing de la santé.

C’est un rendez-vous exceptionnel initié par l’Association des managers hospitaliers de Guadeloupe. Parallèlement au Congrès des managers de santé, rendez-vous phare programmé au deuxième semestre, l’Association des managers hospitaliers de Guadeloupe entend maintenir une dynamique d’échanges de bonnes pratiques, pour permettre aux professionnels de santé de mieux appréhender les évolutions de leur secteur d’activité.

Docteure en sciences de gestion et management, auteure d’une thèse de doctorat sur l’Empowerment des patients, en 2019, Marie-Georges Fayn mène une retraite active. Enseignante, chercheure associée au laboratoire Vallorem, Marie-Georges Fayn, qui a collaboré avec la Conférence des directeurs généraux de CHU, met sa riche expérience dans le secteur de la santé au service de ceux qui souhaitent approfondir leurs connaissances.

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