Les 7 questions de l’AMHG* – Interview n°84 – Dr Jean-Claude PITAT

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Depuis 2020, l’AMHG vous invite à faire connaissance avec un cadre/manager hospitalier du secteur public ou privé de l’archipel guadeloupéen.

Aujourd’hui nous allons à la rencontre du,

Dr Jean-Claude PITAT
Médecin, Président de la FHP de la Guadeloupe
(Fédération de l’Hospitalisation Privée de la Guadeloupe)

Dr Jean-Claude PITAT

1 – AMHG : Pouvez-vous nous présenter votre structure ?

La Fédération de l’Hospitalisation Privée de la Guadeloupe (FHP Guadeloupe) regroupe l’ensemble des 11 établissements de santé privés de la Guadeloupe, Saint Martin et Saint-Barthélémy inclus.
Elle est membre de la FHP nationale, « organisation professionnelle engagée, actrice du système de santé et laboratoire d’idées au service du bien commun qu’est la santé ». Cette dernière regroupe l’ensemble des 1030 cliniques et hôpitaux privés du territoire national.


2 – AMHG : Parlez-nous de votre parcours professionnel ?

Après une scolarité au « Lycée Gerville Réache » à Basse-Terre, j’ai commencé mes études de médecine à la Faculté de Médecine de Grenoble en 1968, où j’ai réussi le concours de l’internat en 1973. Au cours de cette période, j’ai appris la médecine générale et surtout la spécialité en hépato-gastro-entérologie et ai terminé mon cursus en 1980, année au cours de laquelle je me suis installé comme médecin hépato-gastro-entérologue à la clinique « Centre Médico-Social » à Basse-Terre et dès 1981. Je deviens gérant du même établissement familial, créé en 1954 par mon père, Joseph Pitat, également médecin. Dès mon retour en Guadeloupe, j’adhère à la FHP Guadeloupe. J’en assure la présidence depuis une dizaine d’années. A noter qu’en 1996, j’ai été le gérant de la clinique « Les Rosiers » (actuellement clinique de L’Espérance) et en 1998, celui de la clinique « Les Eaux-Claires », deux établissements situés dans la région de la Grande -Terre. Ces deux établissements ayant été cédés au groupe Kadji dans les années 2000, je me suis consacré, dès lors, uniquement à la gestion de la clinique « Centre Médico-Social » à Basse-Terre et ai entrepris sa restructuration. D’une clinique médicale à dominante pédiatrique à l’époque (le secteur adulte étant plutôt de portion congrue et sans réelle spécialité), j’ai tenu à l’orienter, avec une volonté convaincue et affichée, vers de grands secteurs de santé publique (Gériatrie et Alzheimer, Nutrition et Obésité, Hépato-Gastro-Entérologie avec un important secteur endoscopique, Médecine Interne et Rhumatologie, Pathologie du Sommeil, Cancérologie et Soins Palliatifs, HAD et tout récemment les SMR Pédiatriques…) et avec un développement progressif et important du secteur de l’ambulatoire (HDJ aux dépens de celui des HC de médecine générale).

3 – AMHG : Comment avez-vous construit votre projet ?

Au sein de la FHP de la Guadeloupe, il s’est agi, avant tout, de rassembler, de réunir les établissements de santé privés pour « donner de la voix » au plus grand nombre. C’est un secteur qui bénéficie d’une convention collective (CC) autonome départementale. Cette CC a la particularité de se singulariser, car ses pères fondateurs (syndicats patronal et d’employés de l’époque), avaient souhaité qu’elle puisse disposer de clauses particulières, spécifiques au territoire guadeloupéen. La quasi-totalité des acteurs ayant apposé leur signature, tant au niveau patronal (feu Mme Monnerville, présidente) qu’au niveau des organisations syndicales (les secrétaires généraux de l’UTS-UGTG et de la CGTG). Je me souviens de réunions houleuses, interminables, avec des joutes verbales, souvent théâtrales, avec des acteurs possédant parfaitement leur sujet, mais avec, in fine, un accord arraché souvent tard dans la nuit, mais in fine, toujours avec un très grand respect de chacun. Depuis nous avons eu plusieurs présidents (MM. Tirolien, Sainte-Luce, Mme Gabriel, et jusqu’à moi-même, encore en poste).

4 – AMHG : Votre vision managériale est-elle la même aujourd’hui ?

D’une manière générale, ma manière de manager a évolué dans le temps s’adaptant au fur et à mesure aux obligations de terrain et à ma conception personnelle.  Cependant, on ne change pas fondamentalement et votre ADN vous ramène très vite à votre sens inné et naturel de vos conceptions de base de la gestion des hommes.  Aujourd’hui, elle a évolué, “progressé” et s’oriente de plus en plus vers une participation transversale des grandes décisions, pour s’adapter à l’évolution de notre société en constante mutation. Mais, cette vision n’est pas encore partagée par tous et le temps devra continuer à façonner les esprits.


5 – AMHG : Comment imaginez-vous le management de DEMAIN ?

Ma vision consiste à donner une place prépondérante à la qualité et à la sécurité de soins en contribuant à l’amélioration des conditions de travail de tous les collaborateurs, en mettant à disposition du corps médical et paramédical un outil technique de haut niveau. Dans le même temps, il est essentiel de mettre à disposition de l’ensemble des personnels, du matériel de qualité et en nombre suffisant, pour assurer une sécurité et une hygiène maximales. La qualité n’est pas seulement celle des soins, mais, elle est globale, insistant sur la notion de bienveillance tant au niveau des patients eux-mêmes, qu’au niveau de leurs familles. Dès le premier appel téléphonique ou l’entrée du patient, jusqu’à sa sortie, c’est une période hôtelière particulière où tous les codes élémentaires de l’accueil de base sont à privilégier, de jour comme de nuit.

De surcroît, les directions des établissements de soins, qu’ils soient du secteur privé ou du secteur public, doivent faire une place particulière, à un nouvel acteur, dont il faut favoriser l’intégration à savoir les représentants des usagers (RU). Les RU doivent intégrer pleinement le quotidien de l’établissement, car ce sont de réels facilitateurs bénévoles, dont le rôle, un peu ingrat, a et aura une place de plus en plus essentielle au sein de nos entreprises. Ils sont de réels facilitateurs et même de véritables intermédiaires et conseillers privilégiés.

6 – AMHG : Votre structure est très engagée dans le parcours de soins. Quels sont les objectifs au quotidien et à plus long terme ?

Tout d’abord, il faut savoir que l’hospitalisation privée de la Guadeloupe prend en charge la majorité de l’activité de soins en hospitalisation sanitaire de la Guadeloupe : 76 % de la chirurgie ambulatoire, 42 % du traitement du cancer, 72 % des soins médicaux et de réadaptation, 90% de la dialyse, 23 % de la psychiatrie et plus de 80 % des patients de l’hospitalisation à domicile. Il s’agit, assurément, du département français ayant le plus fort taux d’activité sanitaire privée de tout le territoire national.

Et, ceci, peu de gens en sont conscients, le savent vraiment, ou tout simplement feignent de l’oublier. Par conséquent, l’impact de notre action doit être visible et pleinement reconnue, afin que l’hospitalisation privée soit traitée de façon juste par les pouvoirs publics, dans une complémentarité égalitaire avec le secteur public.

La récente période spéciale Covid 19 a bien démontré la complémentarité des 2 secteurs, du moment que les acteurs de terrain organisent leur complémentarité, sans entrave ou sans un parti pris institutionnalisé ministériel et par ricochet à la haute main des ARS régionales. Et, comme les derniers évènements opposant l’État décideur aux acteurs de terrain de la FHP l’ont tout récemment prouvé et que seule la mobilisation massive et unitaire de ces derniers a pu contrecarrer des décisions iniques et partisanes.


Cette gestion ne sera jamais à 100 % IA (Intelligence Artificielle) dépendante. Elle sera toujours et avant tout, combinée au facteur humain, et cela en est fort heureux,  porté par des valeurs d’entreprise telles que le professionnalisme, la qualité de la prise en charge et, avant tout et surtout la bienveillance.


7 – AMHG : Quelques conseils et/ou souhaits pour les managers de santé ? Et pour ceux qui souhaitent se lancer dans cette fonction ?

Il convient de garder une proximité avec toutes les parties prenantes, à savoir les collaborateurs de soins, tant le corps médical que les personnels paramédicaux en s’inscrivant dans l’amélioration continue de la qualité et des pratiques professionnelles. Tous les acteurs sont concernés à commencer par l’accueil, tant téléphonique que physique. Les notions de reconnaissance de l’action de l’agent, de respect des prérogatives des représentants syndicaux sont à privilégier. Et, je le crois vraiment, un manager heureux est celui dont les agents sont heureux de participer à cette aventure quotidienne commune, que le don de soi, au service d’un public mis en difficulté par une maladie ou un handicap qu’il n’a pas choisi de porter. Et, pour ce manager, c’est une adaptation permanente au terrain et aux règles, tant administratives que médicales, de plus en plus sécuritaires et contraignantes. Mais, c’est aussi à ce prix qu’il sera considéré comme un « bon »manager.

Mais, que c’est une tâche ardue au quotidien et source d’efforts personnels hors du commun…

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Les petites confidences :

Livre (s)  : Revues médicales
Sport(s) : Athlétisme et football
Loisirs : Travail sous forme de réflexions sur des projets de développement de la Guadeloupe
Musique : Zouk love et gwo ka
Plat préféré : Dombrés pois rouges et queues à cochon
Dicton ou Proverbe : “Qui veut peut” qui était le dicton fétiche de mon père, le Dr Joseph Pitat

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L’AMHG remercie chaleureusement le Dr Jean-Claude PITAT pour sa contribution.
Parution 23 juin 2024

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Aujourd’hui nous publions la 84ème interview, *nouvelle formule (bimensuelle).
Newsletter/mail de l’AMHG, + 1000 abonnés (+ Linkedin, Twitter et Facebook) relayée également par l’un de nos partenaires médias, newsletter managersante.com (20.000 abonnés
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A vos agendas ! Les incontournables de l’AMHG …

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Signature d’un partenariat ASFO et AMHG

Madame Penda DEMBELE (Directrice de l’ASFO) et Robert MELANE (Vice-Président de l’AMHG)

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L’AMHG remercie tous les intervenants/modérateurs et partenaires des conférences-débats du 1er trimestre 2024 au Centre Culturel Rémy Nainsouta (Pointe-à-Pitre)

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Coup de cœur de l’AMHG

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Association des Managers Hospitaliers Guadeloupe (AMHG) a le plaisir de vous annoncer la parution le 15 mai dernier de l’ouvrage :

« Engagement et leadership en santé : Point de vue d’acteurs inspirants » (Elsevier-Masson) coordonné par Loïc Martin (Maitre de conférence à Université de Rouen).

L’AMHG a humblement contribué à cet ouvrage dans l’un des 27 textes avec des acteurs engagés et inspirants.

Vous pouvez consulter gratuitement un chapitre via ce lien : Extrait-ouvrage-Engagement-et-leadership-en-santeTélécharger


Nous vous encourageons à vous procurer cet ouvrage de référence sur les sites des principales librairies en ligne (attention tirage limité à 1500 exemplaires) : amazon.fr, fnac.com, decitre.fr, uniteque.com, chapitre.com

L’AMHG remercie Loïc Martin pour sa confiance.

L’AMHG à la manière du colibri…

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Partenariat 2024-2025 (JAMHG 2024) en cours…

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Vu dans la presse …

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Management. La Guadeloupe innove avec un diplôme pour les professionnels de la santé (article Karib’Info – C. Larney)

À partir de novembre, le diplôme universitaire Management de la santé pourra être préparé à l’Asfo Guadeloupe. Les inscriptions sont ouvertes.

C’est une première. Conçu sur-mesure pour répondre aux besoins des professionnels du territoire, contraints, jusqu’ici à s’expatrier dans l’Hexagone pour ce type formation, le Diplôme Universitaire (DU) Management de la santé devrait offrir de nouvelles perspectives aux établissements privés ou publics de l’archipel… et au-delà.

« Un professionnel compétent pour les soins n’est pas forcément un bon manager, constate Penda Marie-Dembélé, directrice de l’Asfo Guadeloupe. Encadrer une équipe, conduire des projets, être à l’écoute de ses collaborateurs, accompagner les agents pour qu’ils évoluent dans leur carrière…, tout cela s’apprend ! »

Formation hybride avec des cours en présentiel et en distanciel, le DU Management de la santé est accessible à partir du niveau Bac+3. « Le planning est transmis suffisamment en amont pour permettre aux professionnels d’organiser leur temps de travail et leur formation », précise Penda Marie-Dembélé.

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