Les 7 questions de la semaine – Interview n°24 (A. VIRANIN) – AMHG – Association des Managers Hospitaliers de Guadeloupe

Chaque semaine l’AMHG vous invite à faire connaissance avec un manager hospitalier du secteur public ou privé de l’archipel guadeloupéen.

Aujourd’hui nous allons à la rencontre de,

Audry VIRANIN

Cadre de santé paramédical, Urgences Adultes (SAU) –

CHU de la Guadeloupe

AMHG-1 : Présentez-nous votre service ?

Le service des Urgences Adultes est un des services du pôle « soins critiques » du Centre Hospitalier Universitaire de la Guadeloupe (CHUG). Il est la porte d’entrée de l’établissement en matière de soins urgents non programmés et en continu pour les patients à partir de 15 ans et 3 mois. Il se compose d’un accueil IAO (Infirmier d’Accueil et d’Orientation), d’une filière courte ou légère, puis d’une filière longue, enfin du déchocage. Aidé de son plateau technique, le service des Urgences Adultes (SAU) peut accueillir des polytraumatisés, des pathologies lourdes. Il comptabilise environ 40000 passages par année.

Dans un fonctionnement normal, le SAU comprend une Unité d’Hospitalisation de Courte Durée. Mais depuis l’incendie (novembre 2017), cette unité n’a pas pu être réactivée, car après la réhabilitation des locaux, la crise Covid a nécessité une réorganisation des espaces. Actuellement, le SAU compte une filière spécifique pour les patients suspects ou avérés Covid-19 (locaux des anciennes consultations externes).

Pour faire fonctionner ce service, pas moins d’une centaine d’agents entre les IDE, AS, ASH et brancardiers est nécessaire. L’encadrement paramédical compte 2 cadres et 1 IDE coordonnatrice. La chefferie du service est sous la responsabilité du Dr Delphine DELTA.

De plus, faisant partie d’un CHU, le SAU est le seul service d’urgences « universitaire » du territoire et dans le Groupement Hospitalier de Territoire (GHT). Il garantit un apprentissage riche et intense pour les internes, les étudiants des écoles paramédicales.

AMHG-2 : Quel est votre parcours professionnel ?

Après l’obtention du BAC ES, je me suis dirigé vers la formation IDE. J’ai obtenu mon diplôme en 2009 à l’IFSI de Gonesse dans le Val d’Oise. J’ai travaillé plus d’un an dans un service de psychiatrie intra tout en effectuant des vacations dans d’autres services du CH. Gonesse.

En 2011, après mûre réflexion, j’ai souhaité rentrer en Guadeloupe pour exercer dans un service de psychiatrie intra (G04) au CHU. J’y suis resté pendant 4 ans. Je me suis longuement intéressé au fonctionnement de l’institution tout en m’y inscrivant. J’ai pris plaisir à participer au projet de soins 2014-2018 de l’établissement et à d’autres projets comme la préparation de la fusion psychiatrie CHUG – EPSM et d’autres. J’ai participé à des actions de manager et j’ai fait fonction de cadre dans une unité d’Hospitalisation de Longue Durée (HLD), intersectoriel de psychiatrie.

Après avoir suivi la préparation interne organisée par l’Institut de Formation Continue (IFC) du CHUG pour l’école des cadres, je suis parti pour l’IFCS de Ville Evrard. J’ai obtenu en 2018 mon diplôme de cadre de santé, ainsi qu’un master en Science de l’éducation, mention « Formation de formateurs et d’encadrants » à l’université Paris 8, et un diplôme universitaire « Éthique soignante et hospitalière » à l’université Paris Est.

De retour en Guadeloupe en 2018, j’ai été affecté sur le poste de cadre de nuit. J’ai pu faire une vraie découverte de l’établissement de nuit et ainsi acquérir une maitrise des difficultés et problématiques à résoudre. En septembre 2020, j’ai répondu à la mobilité interne pour rejoindre le service des Urgences Adultes.

AMHG-3 : Quelles sont vos missions actuellement ?

En collaboration avec l’équipe d’encadrement et le chef de service des Urgences Adultes, ma mission est de maintenir une qualité du service public, de garantir la mission des Urgences : celle de recevoir et de soigner la population. Le SAU étant un service avec un encadrement bicéphale, les missions sont réparties.

Au niveau de l’institution, je suis référent de la Cellule « Identito vigilance » ainsi que de la coopération entre les urgences adultes et les urgences psychiatriques.

AMHG-4 : Quelle est votre conception du management hospitalier ?

Compte tenu de l’obligation de contractualisation à laquelle sont soumis les établissements de santé, le management des ressources humaines doit répondre aux objectifs des projets retenus.

Mon rôle de cadre de santé devient celui d’un fédérateur de ces projets. Il me revient d’inscrire des individus dans des missions, en tenant compte de leurs compétences, pour permettre au groupe d’amener le service et le pôle à atteindre des objectifs communs. Je dois être capable de justifier l’atteinte des objectifs à l’aide des indicateurs. Une des exigences que je me donne est celle d’accompagner le personnel que j’ai sous ma responsabilité à travers une gestion personnalisée et collective.

AMHG-5 : Comment collaborez-vous avec les cadres/managers de votre établissement ?

J’entretiens de bons rapports avec mes collègues cadres, car il est essentiel que nous puissions nous entraider, échanger sur nos expériences et nos difficultés. Les affinités se créent tout comme elles peuvent se défaire. Nous avons eu la chance d’avoir des séminaires cadres en Guadeloupe, et j’ai véritablement pris la mesure, à ces moment-là, de l’importance de se connaitre, tisser ce réseau, partager des outils, des armes.

J’aime les temps de réunion de l’encadrement. Nous pouvons tous partager nos problématiques, et cela me rassure car je sais que je ne suis pas seul (cette fameuse solitude du cadre). Il est vrai que les réunions en visioconférence imposées par le contexte Covid nous privent de cette interaction en grand groupe.

J’en profite pour remercier particulièrement l’équipe d’encadrement du pôle « soins critiques » qui m’a chaleureusement accueilli à mon arrivée au SAU. Je sais compter sur ce noyau dur solidaire car certains évènements me l’ont prouvé.

AMHG-6 : Vos équipes paramédicales ont connu la période de l’incendie du CHUG en 2017 et depuis près d’un an vous êtes confronté à la Covid-19, nous supposons que cela ne doit pas être facile au quotidien ?

Absolument difficile, car les équipes aux urgences adultes ont la sensation de ne pas souffler, et au contraire, de voir leur activité s’accroître, comme je dis souvent, « on charge sans cesse la bourrique ».

Après l’incendie, les changements de locaux ont nécessité des réorganisations sans possibilité de prendre du recul, car les urgences adultes accueillent en continu ; l’activité ne peut pas s’arrêter.

Puis arrive l’épidémie de Covid-19, en mars 2020 ! Cet évènement a obligé aux reports de congés annuels. Mais plus dure encore, a été la gestion de la grosse vague qui a déferlé en septembre. Les équipes sont épuisées et veulent simplement se « reposer ».

Au quotidien, il faut en tant que cadre, trouver l’énergie pour porter et accompagner certains agents qui expriment leur lassitude face au contexte de crise. Il faut constamment rester à l’écoute de ce qui est exprimé, mais aussi être capable de déceler la souffrance qui ne se dit pas.

AMHG-7 : Vous êtes un jeune cadre de santé. Votre vision managériale est-elle la même que celle de vos débuts (pré/post IFCS) ?

Avant de me lancer dans la profession de manager, je pensais qu’être à la tête d’un service pouvait aider à changer les fonctionnements des soignants, les organisations pour in fine améliorer le prendre soin. Lors de ma première expérience, lorsque j’ai fait fonction de cadre, je me suis rendu compte que manager était beaucoup plus complexe que cela, et que diriger une équipe de personnes, implique le cadre bien plus que je ne pouvais me le représenter.

Pour ma part, manager ne se limite pas à mettre au travail un agent. Il s’agit de connaître l’individu dans sa globalité et de savoir que derrière cet agent se décline un humain qui a ses forces et ses failles. Je me positionne comme un accompagnateur pour des soignants qui ont leurs propres difficultés et qui sont face à des patients-clients de plus en plus exigeants. La société évolue, le degré de tolérance s’abaisse. Ce que les générations de soignants d’avant pouvaient accepter, celle de maintenant s’y opposera. Je suis en permanente réflexion pour savoir comment agir face à des situations managériales qui demandent une adaptation de tous les instants.

En somme, ma vision de manager : en tant que chef de groupe, un management participatif, situationnel, par la confiance. Les valeurs et qualités humaines que je partage : le respect, l’intégrité, l’humilité, la disponibilité, la rigueur. Fixer des objectifs à une équipe à travers des missions qui répondent aux exigences des projets : OUI… mais ne pas oublier la dimension humaine et lui donner sa juste place.

Les petites confidences :

Livre : Elsa Godart – Éthique de la sincérité
Sport(s) : Sport en salle, yoga, marche à pied
Loisirs : Plage, TV
Musique : Ma playlist est diversifiée : du zouk / rétro, soca, compas, r&b, salsa, relaxation, chanson française…. Je reste sensible à « Heaven Sent – Keyshia Cole », ou à « Gilles Floro – Ten Kout »
Personnalités préférées : Léa Salamé, Christiane Taubira, Teddy Riner
Plat préféré : Si la « gourmandise » était un plat, ce serait mon préféré… Pourquoi avoir une préférence ??
Coups de cœur : Ophély Mézino / Idris Elba
Dicton ou proverbe : « Pour être confirmé dans mon identité, je dépends entièrement des autres », Hannah Arendt

Date de parution : 25 avril 2021

A vos agendas cliquez ici

C’est avec un immense plaisir que le bureau de l’AMHG a échangé hier après-midi à Pointe-à-Pitre (23/4) avec Alexandra LIPARO, jeune guadeloupéenne actuellement directrice adjointe en charge du budget au CHI de Créteil et du CHI de Villeneuve-Saint-Georges. Retour d’expérience, management hospitalier, gouvernance hospitalière, les JAMHG ainsi que les différents projets de l’AMHG étaient à l’ordre du jour…

Merci Alexandra LIPARO d’avoir répondu favorablement à notre invitation !

Les communiqués de l’AMHG : cliquez-ici

Webinaire Chacari, jeudi 29 avril 2021 : Créer une culture du Management Agile et de l’Innovation – Sandrine Williaume, Coordinatrice Générale des soins du CHI de Poissy viendra partager autour du thème “Développer une culture du management agile et de l’innovation”. Inscription cliquez-ici

ANCIM, 29èmes Journées Nationales des Cadres de santé (29 & 30 novembre 2021 – Rennes) : cliquez-ici

L’ANCIM, l’AFDS et le SMPS se sont unis pour lancer une pétition “Communauté hospitalière : La rémunération des cadres de santé, la plus grande injustice de l’hôpital !”
Peut-être l’avez vous déjà signée… sinon n’hésitez pas à cliquer ci-dessous…

http://chng.it/JsNFstV2JQ