Les 7 questions de la semaine – Interview n°1 (A-M. BALAGA)

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Chaque semaine l’AMHG vous invite à faire connaissance avec un manager hospitalier du secteur public ou privé de l’archipel guadeloupéen.

Aujourd’hui nous allons à la rencontre de,

Anne-Marie BALAGA, cadre supérieur de santé au CHU de la Guadeloupe

AMHG : Pouvez-vous vous présenter ?

Je suis infirmière de profession formée au CHU de la Guadeloupe. J’ai exercé dans bon nombre de services de l’établissement avant d’être titularisée (8 années en tant que contractuelle). Ce qui m’a permis de développer une certaine polyvalence (gériatrie, chirurgie puis pédiatrie) dans la prise en charge des patients.

Aujourd’hui je suis cadre supérieur de pôle « Santé Publique, Recherches et Vigilance ».

AMHG : Quel est votre parcours professionnel ?

J’ai été formée à l’IFSI de Pointe-à-Pitre. Une petite promotion de 24 étudiants. Nous étions très soudés avec cette envie d’être des professionnels compétents et exemplaires.

On se lançait régulièrement des challenges et des défis, cela nous stimulait. Il y avait un véritable esprit d’équipe. Nous avions commencé à 24 et il n’était pas question d’en lâcher un en chemin.

La notion de travail d’équipe et de collaboration a débuté à ce moment-là !

Après mon parcours d’infirmière, j’ai passé le concours de cadre de santé. J’ai suivi ma formation à l’IFCS du CHU d’Angers en 2004.

A mon retour en Guadeloupe, j’ai été affectée dans les services de traumatologie et orthopédie (à cette époque il y avait deux services). C’était un véritable challenge que de faire collaborer les deux équipes ayant des pratiques totalement différentes. Le chef de service était le Dr Alex Falémé.

Puis en 2009, j’ai été cadre hygiéniste au CGRIN ayant en charge la gestion des risques associés aux soins et en 2013 cadre supérieur de santé.

AMHG : Actuellement quelles sont vos missions ?

Je suis cadre de pôle. J’ai toujours mes missions sur la gestion des risques associés aux soins et en parallèle je manage le pôle avec des tâches spécifiques que sont l’identito-vigilances, l’hémo-vigilance, la pharmacovigilance, le risque infectieux, et tout autre risque auquel le patient peut être exposé.

Dans ce cadre-là en collaboration avec l’ingénieur qualité et le coordonnateur de la gestion des risques, nous effectuons la gestion des évènements indésirables. Nous nous regroupons au sein du Comité de Revue des Evènements Indésirables (CREI) afin d’analyser les déclarations, de les transmettre à des personnes ressources et/ou de rencontrer les équipes afin de mettre en place des actions pour porter des mesures correctives aux professionnels dans le but d’améliorer les pratiques et éviter que cela se reproduise. On apprend toujours de ses erreurs.

J’ai aussi une mission transversale notamment sur la recherche paramédicale. Pour le moment nous sommes en pleine réflexion sur la méthodologie et suivons régulièrement des formations.

J’ai d’ailleurs obtenu un Diplôme Universitaire en recherche paramédicale.

Et enfin, je manage aussi une équipe d’infirmières « Bedmanager » chargées de trouver le bon lit pour le bon patient, avec beaucoup de difficultés, dans ce contexte de crise sanitaire. Cela demande une collaboration constante et étroite avec les médecins et les cadres de santé.

AMHG : Quelle est votre vision managériale ?

J’ai envie de commencer par, « manager c’est avoir des projets ». De ce fait, je dirais « management par projet ».  

Après je parlerai de management « situationnel ». Avant j’avais tendance à développer le « management participatif », mais force est de constater qu’il n’est pas toujours applicable. Là on s’adapte à la situation, aux professionnels placés sous notre responsabilité. Ce management s’adapte au contexte institutionnel.

Un rôle qui est fondamental : fixer des objectifs communs avec la mise en place d’indicateurs. Susciter le travail d’équipe et favoriser l’adhésion des membres de l’équipe aux thématiques institutionnelles.

AMHG : Comment collaborez-vous avec vos équipes et vos collaborateurs ?

J’aime bien ce mot « collaborer ». Travailler seul ne nous emmène pas très loin ! Collaborer c’est communiquer, c’est partager les informations, c’est se référer au projet mis en place. C’est aussi tirer le meilleur de chaque professionnel. Leur apport et leur vision doivent-être valorisés pour qu’ils puissent adhérer aux différents projets.

Dans notre établissement nous avons plusieurs corps de métier. Il y a la vision soignante, la vision administrative et la vision technique. Nous devons faire en sorte que toutes ces visions se rapprochent pour aller dans le même sens pour le patient. Se mettre à la place de l’autre !

Par exemple, on me dit assez souvent que je parle trop. C’est juste une façon pour moi de m’assurer de la bonne compréhension par des reformulations.

La collaboration c’est aussi aller vers l’autre.

AMHG : Comment gérez-vous cette période de crise ?

Cela nous demande une certaine faculté d’adaptation, de réactivité, d’anticipation et surtout une capacité de résilience.

On doit avoir durant cette période des moments de questionnement commun. Comment s’y prendre ? On doit avoir un esprit créatif, inventif. Se référer aux pratiques des autres établissements peut être un plus pour nous, car cela peut nous éviter quelques désagréments.

J’ai en mémoire les recommandations du directeur général concernant le stockage des équipements de protection individuelle (EPI). Il fallait assurer sa bonne gestion pour éviter toute rupture. Ce qui nous aurait mis en grosse difficulté. On se souvient des vols d’EPI dans certains hôpitaux parisiens.

Nous avons douté. Même s’il y a des données scientifiques, nous sommes des humains. Comment garder la tête haute ? Nous nous sommes retrouvés multitâches avec plusieurs casquettes. Il y avait beaucoup d’attentes à notre égard. Nous sommes allés sur le terrain à la rencontre des professionnels. Combien d’entre-eux ont verbalisé leur angoisse ! Nous avons mis en place un management de soutien et d’accompagnement ; pas seulement pour les soignants, mais également pour le secteur administratif et logistique.

Nous étions au cœur de ce marasme. Notre fatigue est passée au second plan.

AMHG : Quel message souhaitez-vous faire passer aux managers ?

Dans notre établissement nous avons des managers très réactifs. Nous avons connu la crise après l’incendie et maintenant nous voilà dans une seconde qui n’a pas de date de fin. S’adapter est et sera notre quotidien.

Il nous faudra être agile vis-à-vis des patients, des professionnels pour que nous puissions assurer la sécurité des soins. Nous sommes en permanence confrontés aux risques.

Le manager d’équipe doit être capable de démystifier les situations, les anticiper. Il doit être à la recherche de mesures correctives en y associant ses collaborateurs. La confiance réciproque est un atout !

Les petites confidences 

Livre : La tresse (Laetitia Colombani)
Sport(s)/Loisir(s) : Randonnée – La danse
Personnalité(s) préférée(s) : Mère Teresa « la vie est la vie »
Musique : le gwo ka – la musique traditionnelle – quelques variétés françaises
Plat préféré : « ti fig, mori é luil » (bananes vertes, de la morue et de l’huile) sans oublier un morceau d’avocat.
Coup de cœur : Mes deux petits enfants
Dicton ou proverbe : « La confiance n’exclut pas le contrôle » (une citation que me répétait régulièrement le professeur Hyacinthe Bastaraud)

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L’AMHG remercie :

Sainte-Anne Ambulance, Silver Santé Assistance,
HSSC – Hygiène Santé Caraïbes – Ambulance Les Acacias –
Patrick Ambulance – cubtec.com

Twitter : AMHG_officiel   –   LinkedIn : secrétariat AMHG   –  
Site internet : amh-guadeloupe.com

Parution : 12 novembre 2020

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