Les 7 questions de l’AMHG* – Interview n°62 – Frédéric MONNERVILLE

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Depuis 2020, l’AMHG vous invite à faire connaissance avec un cadre/manager hospitalier du secteur public ou privé de l’archipel guadeloupéen.

Aujourd’hui nous allons à la rencontre de,

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Frédéric MONNERVILLE
Chef de service
Établissement : MAS Les Mandines
Saint-Claude

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Frédéric MONNERVILLE

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1 – AMHG : Présentez-nous votre établissement et/ou service

La Maison d’Accueil spécialisée (MAS) Les Mandines est un établissement médico-social accueillant un public adulte en situation de handicap, avec un taux d’incapacité d’au moins 80 %. L’orientation « MAS » est fixée par la Commission des droits et de l’autonomie de la MDPH (Maison Départementale de la Personne en situation de Handicap). La MAS fait partie de l’un des établissements et services gérés par l’AGSEA (Association Guadeloupéenne pour la Sauvegarde de l’enfant à l’Adulte). Elle se situe dans la commune de Saint-Claude, dans le sud Basse-Terre. Depuis son ouverture en 2003 et pendant une bonne quinzaine d’années, les personnes accueillies présentaient exclusivement des troubles du spectre autistique (TSA). Depuis quelques temps, d’autres profils de bénéficiaires sont également présents.  Actuellement le plus jeune a 19 ans et le plus âgé en a 62. Le public se divise en deux sections : une section « Hébergement », comprenant 20 personnes, accueillies toute l’année, 24h/24h ; et une section « Accueil de jour » avec un accueil du lundi ou vendredi sur des horaires de journée, comprenant 10 personnes.

Afin de permettre à ces personnes d’évoluer au mieux, et notamment dans le respect de leurs capacités et de leur dignité, nombre de personnels sont à leur service. On retrouve bien évidemment un service administratif, mais également un service médical ainsi que paramédical, un service psychologique, un service éducatif et du personnel des services généraux.

La création de cet établissement est le fruit de la volonté de personnes soucieuses de proposer un accompagnement au plus près des besoins des personnes autistes, pour lesquelles il y avait à l’époque un déficit de réponses adaptées.

2 – AMHG : Quelle est votre fonction et votre parcours professionnel ?

Je suis le chef de service de la structure. Mon rôle est d’encadrer les différentes équipes de professionnels, et/ou de coordonner leurs actions, à travers un lien hiérarchique ou fonctionnel, dans le but du meilleur accompagnement possible des bénéficiaires.

Parallèlement à des études de psychologie à l’université, j’ai beaucoup exercé en tant qu’animateur de centre de loisirs. C’est lors de cette pratique qu’est né mon désir de devenir éducateur, eu égard aux difficultés que je repérais chez les enfants et les familles que je côtoyais. Tout naturellement je me suis orienté vers le métier d’éducateur de jeunes enfants qui englobait pour moi les bases à acquérir. Toutefois, les limites de cette fonction face à certaines problématiques dans mon exercice professionnel de l’époque m’ont entrainé vers la formation d’éducateur spécialisé. J’ai exercé cette fonction principalement dans le milieu du handicap pendant treize années. J’ai ensuite souhaité me confronter à la fonction d’encadrement. C’est ainsi que j’ai eu une expérience de deux années en tant que chef de service, dans un Foyer d’Accueil de jour. Je suis redevenu éducateur spécialisé pendant 3 ans, à la suite d’un choix de vie, jusqu’à reprendre un poste de chef de service, celui que j’occupe actuellement à la MAS, et ce depuis 4 ans.

3 – AMHG : Quelle est votre conception du « prendre soin », de la « bientraitance » ?

L’action sociale, dans son fond, est née du désir d’aider l’autre. Toutefois, elle s’est progressivement positionnée, dans sa forme, dans le souci de réellement considérer cet autre, donc de prendre soin de lui et d’être bientraitant. Aussi, je dirai que c’est le fait d’accompagner la personne dans un réel souci de sa singularité, de ses désirs, de ses capacités, et non dans une toute puissance qui consisterait à penser l’action sans elle et ce qui la caractérise. C’est le fait pour moi de lui adresser une parole ou un regard bienveillants, de lui indiquer à travers nos gestes, nos actions, et même nos pensées qu’elle existe. Ceci est d’autant plus difficile à réaliser si cette personne ne réagit pas aux stimuli usuels par des réactions que l’on qualifie de « normales », ce qui est souvent le cas dans l’établissement.

3 – AMHG : Comment collaborez-vous avec les managers de votre établissement et ceux du territoire ?

En ce qui concerne la collaboration avec les autres managers des autres établissements et services de l’association gestionnaire, ce sont souvent des échanges sur des situations pour lesquelles l’éclairage d’un pair peut s’avérer bénéfique. Ainsi, chaque manager d’un autre site peut être une personne ressources pour l’autre. Nous échangeons souvent de manière informelle. Mais ces échanges tentent à devenir actuellement plus formels, au sens de réunions avec l’ensemble des managers. Cela permet de repérer réellement des fonctionnements communs, mais aussi divergents, et d’harmoniser les pratiques qui peuvent l’être lorsque qu’il y a un intérêt.

Avec les autres managers du territoire, les échanges sont moins fréquents, mais tout aussi intéressants. Mes ressources sont surtout les personnes connues lors de formations par exemple, ou par le biais d’échanges dans le cadre du travail en réseau. Aussi, je tiens à saluer votre action, qui permet de repérer des pairs et les actions qu’ils mènent.

4 – AMHG : Quelle est votre conception managériale ?

A mes débuts, j’ai utilisé un management assez participatif. Je quittais ma fonction d’éducateur, où le but était de souvent rechercher le consensus entre collatéraux.  Ce mode de fonctionnement est très intéressant dans le fait de permettre aux collaborateurs d’exprimer leurs compétences. Mais la formation CAFERUIS (Certificat d’Aptitude aux Fonctions d’Encadrement et de Responsable d’Unité d’Intervention Sociale), ainsi que l’expérience acquise depuis m’ont appris qu’il y a à être tantôt participatif, tantôt collaboratif, mais aussi plutôt directif lorsqu’on veut d’abord fixer les contours de l’action, ou quand on souhaite trancher après avis de chacun. En somme, il me semble que c’est lemanagement situationnel qui porte le mieux ses fruits, avec cette idée toujours présente que les professionnels attendent du manager qu’il se positionne et qu’il indique la ligne directrice.

Au-delà de la manière d’exercer la fonction, il s’agit de mettre en œuvre la politique de l’établissement, établie par la direction, elle-même découlant de la politique associative. Certes, le manager est l’interface entre la direction et les professionnels. Et il doit toujours veiller à l’élaboration et à la mise en œuvre du projet personnalisé d’accompagnement du bénéficiaire. 

5 – AMHG : Comment imaginez-vous le management de demain ? Selon vous est-il différent dans les établissements médico-sociaux ?

On s’oriente vers un fonctionnement qui nécessite beaucoup plus de technicité qu’auparavant. J’ai encore l’image de mes anciens chefs de service – je dis volontairement chef de service par opposition à manager-. C’était un fonctionnement essentiellement d’accompagnement des équipes sur le volet éducatif, surtout dans les établissements médico-sociaux. Les managers d’aujourd’hui doivent épauler les professionnels sur les projets, mais aussi se situer dans un réel management des hommes et des organisations. Et pour cela, l’action du manager se situe aussi bien dans les idées défendues que dans les indicateurs qui permettent de constater l’évolution des situations. La place croissante du numérique, de la traçabilité de tous les instants, les réformes (SERAFIN-PH) engendrent un positionnement toujours plus administratif du manager, y compris dans les établissements médico-sociaux.

6 – AMHG : On parle de plus en plus de l’agilité du manager, qu’en pensez-vous ?

Certains temps de ma vie professionnelle m’amènent à la mettre en évidence plus précisément :

  1. Lorsqu’il faut amener les équipes à entreprendre des actions nouvelles, ou à modifier celles habituellement réalisées. C’est une adaptation du moment à la réalité de la situation évoquée, mais aussi une adaptation à l’état d’esprit ou à la personnalité des professionnels à qui je m’adresse.
  2. Le fait que le manager ait sans cesse à s’adapter (en tous cas dans ma situation professionnelle), à des changements au dernier moment, a sans cesse réajuster, voire recommencer des éléments qu’on imaginait finalisés. Je pense aux emplois du temps qui doivent être modifiés du fait d’absences de dernière minute par exemple, ou de toute autre urgence à traiter.

L’agilité est incorporée à cette fonction, et peut-être encore plus dans un établissement qui accueille en permanence du public. Aussi, je préfère traiter la survenue d’évènements imprévus avec humour : je me dis : « tiens ! la journée manquait de piment jusqu’à présent ! » Et aussi je transforme ces situations en défis : comment vais-je arriver à résoudre ce problème qui se présente à moi ?

7 – AMHG : Un message à l’attention des managers ?

La fonction implique la critique de nos actions, quoiqu’on fasse. On ne satisfera jamais l’ensemble des professionnels. Aussi, il faut d’abord bien connaitre ce qui soutent nos actions, afin de bien les expliquer, et surtout de garder notre direction si on est convaincu du bienfondé de celle-ci. Les collaborateurs arrivent finalement à repérer la nécessité qui en découle, et c’est ainsi me semble-t-ilqu’on assoit sa légitimité. Bien sûr, il faut aussi arriver à accepter quand on se trompe, ou qu’il y d’autres voies possibles. C’est parfois toute la difficulté que d’être balloté entre les décisions à prendre, mais je crois que je n’apprends rien aux autres managers. 

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Les petites confidences :

Mes petites satisfactions : 1) En tant que manager : celle d’amener les collaborateurs à finaliser des actions qu’ils pensaient difficiles à réaliser. En tant que professionnel de l’action médico-sociale : celle de voir les bénéficiaires heureux

Livre : Cyrano de Bergerac, d’Edmond ROSTAND
Sport(s) : La fonction me laisse peu de temps pour en faire. Mais j’ai aimé pratiquer le handball et le squash. Actuellement : plutôt du maintien corporel par des exercices ciblés.
Loisir(s) : le football – Le théâtre (en tant que spectateur), principalement le vaudeville – les soirées entre amis.
Musique(s) : Au niveau international : AYO pour l’émotion qu’elle me procure – Au niveau local : Dominique COCO et le groupe SOFT pour la profondeur de leurs textes.
Personnalité préférée : Barack OBAMA : être président et avoir le sourire, faire quelques lancers au panier de basket : apparaitre comme Monsieur tout le monde en fait. 
Plat préféré : Il y en a beaucoup, mais je retiendrai « bananes jaunes et morue ».
Coup de cœur : La plage de Port-Louis, La ville du Moule (souvenirs d’adolescent) – Les pyramides d’EGYPTE : je suis fasciné par le fait d’avoir pu ériger ces monuments à l’époque.
Dicton et/ou proverbe : Plutôt une petite phrase pleine de sens dans un texte de Nicolas BOILEAU : « Hâtez-vous lentement, et sans perdre courage, vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage ».

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AMHG remercie chaleureusement monsieur Frédéric MONNERVILLE pour sa contribution.
Parution : 20 novembre 2022

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Aujourd’hui nous publions la 62ème interview, *nouvelle formule, tous les 1er et 3ème week-end du mois
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L’AMHG souhaite pérenniser la formation des managers hospitaliers ultra-marins, mardi 8 novembre 2022, par Bruno Benque

Les territoires d’outre-mer ne possèdent pas de structure dédiées à la formation des managers de Santé. C’est dans ce contexte qu’est née, en 2015, l’AMHG, dont l’objectif est de proposer des Journées annuelles de formation afin que les acteurs de toutes les filières des Antilles et de Guyane notamment puissent acquérir de nouvelles compétences. Les prochaines journées se tiendront fin novembre en Guadeloupe.

L’Association des Managers Hospitaliers de Guadeloupe (AMHG) annonce la tenue prochaine des Journées Annuelles des Managers hospitaliers de Guadeloupe (JAMHG), les 24 et 25 novembre 2022 à Jarry-Baie-Maihault en Guadeloupe. Le thème principal de cette journée traitera des défis des managers de Santé, hier, aujourd’hui et demain.

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Prochain rendez-vous de notre partenaire : ANCIM

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