Les 7 questions de l’AMHG* – Interview n°75 – Charlène PETIT SAMINADIN

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Depuis 2020, l’AMHG vous invite à faire connaissance avec un cadre/manager hospitalier du secteur public ou privé de l’archipel guadeloupéen.

Aujourd’hui nous allons à la rencontre de,

Charlène PETIT SAMINADIN
Cadre de santé paramédical
Service d’Accueil des Urgences (SAU) / CHU de la Guadeloupe

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Charlène PETIT SAMINADIN – CHU de la Guadeloupe

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1 – AMHG : Toutes nos félicitations. Après 10 mois de formation, est-ce un ouf de soulagement ? Comment avez-vous vécu cette expérience ?

Merci beaucoup !

Oui, un grand soulagement, je dirai une grande satisfaction d’être parvenue à mon objectif.

Cette expérience que je qualifierai d’aventure marquera un grand tournant dans mon parcours professionnel.

D’après les conseils d’un jeune cadre de santé de l’institution, j’ai choisi de réaliser ma formation cadre de santé à l’IFCS de Tours à 260 Kilomètres de Paris. A mon arrivée, au mois d’août 2022, j’ai commencé par m’installer (logement), à inscrire à l’école mes deux filles avec lesquelles je suis partie et à prendre de nouveaux repères. C’est une ville très calme.

Puis, le jour de la rentrée à l’IFCS est arrivé. C’est un ressenti particulier de revenir sur les bancs de l’école. (Rires). Mon intégration s’est très bien déroulée. J’étais la seule étudiante d’outre-mer. Tous les autres étudiants cadres de santé (CDS) étaient curieux de connaître ma culture et mon adaptation à ce nouvel environnement….

A ce moment, mon aventure CDS commençait réellement. Les mois de formation furent rythmés par des évaluations écrites (synthèses intégratives) et orales, des stages (entreprises, formation, management), ainsi que des travaux écrits à rendre régulièrement pour le mémoire que j’ai soutenu en juin. Toutes ces activités ont rythmé mon organisation de vie personnelle. Le soir quand je rentrais, je me consacrais à la somme de travail scolaire. (Nuits courtes car couchers tardifs et levers de bonne heure).

L’air de rien, partir en France hexagonale avec un objectif de réussite, en sachant que l’établissement nous fait confiance, nous met une pression supplémentaire.

J’ai tout de même profité de cette année pour effectuer des sorties avec d’autres étudiants (découvertes, visites) et faire de nouvelles connaissances.

2 – AMHG : Pouvez-vous revenir sur votre projet ? Comment l’avez-vous construit et vécu ?

Mon projet CDS s’est construit depuis les bancs de l’école d’infirmière. J’ai toujours eu le projet de devenir Cadre de Santé Formateur. Tout le long de ma carrière professionnelle, je me passionne pour toutes les activités afférentes aux soins (pharmacie, logistique). Aussi, je suis très investie à l’IFSI et à l’encadrement des étudiants en soins infirmiers en stage.

Au fur et à mesure des années, je développe un fort sentiment d’appartenance pour mon institution. Je souhaite devenir une personne ressource pour mon établissement, proposer des projets, accompagner les professionnels de santé sans oublier mon épanouissement professionnel et personnel.

En 2011, j’obtiens mon diplôme universitaire de plaies et cicatrisation. Je propose des projets. Et lors de l’ouverture du service de gériatrie, je fais des suggestions au cadre de santé de proximité, avec qui je suis en collaboration étroite. Je me passionne pour la transmission de savoirs.

En février 2021, je suis retenue au concours interne de pré-sélection cadre de santé (“Parcours cadres de santé” mis en place par la Direction des soins). Ce qui me permettra d’accéder six mois plus tard, au poste de « faisant fonction cadre de santé » en unité de Pneumologie. En janvier 2022, l’ensemble des « faisant-fonction cadres de santé » participent à la préparation aux concours d’entrée à l’école des cadres (organisée par la formation continue du CHU). Cette préparation nous conforte dans notre projet de devenir des managers. Durant cette préparation, je me suis remise en question et j’ai mené une réflexion concernant mon avenir professionnel. Aussi, je me suis interrogée sur la manière dont je pourrais devenir une personne ressource pour mon institution en œuvrant pour la qualité et la sécurité des soins, ainsi que pour la qualité de vie au travail des soignants. Les séances d’analyses de pratiques professionnels instaurées par la direction des soins, pour accompagner les « faisant fonction » m’ont beaucoup aidée. Ce fut une belle expérience. Nous avons échangé, stressé, rigolé, bref…nous avons vécu des moments forts et inoubliables.

Ce fut une période très intense physiquement. En effet, celle-ci fut entrecoupée de périodes de travail professionnel (faisant fonction cadre de santé) et scolaire (concours, épreuves écrites et orales, voyage en France hexagonale.

3 – AMHG : Comment s’est passée votre intégration dans votre « nouveau » service ? Pas trop d’appréhension ?

Appréhension, oh que oui.

Dès mon retour en Guadeloupe, je savais que l’étape euphorique de la réussite au diplôme de CDS et au Master 2 était passée. Je devais me recentrer sur l’affectation dont je n’avais pas encore connaissance. Deux ou trois jours après mon arrivée, je suis reçue à la Direction des Soins avec tous les nouveaux diplômés cadres de santé. Je découvre que je suis affectée au Service d’Accueil des Urgences Adultes (SAU). De prime abord, je suis surprise car je n’avais pas envisagé de co-management. Au final, je considère cette nouvelle affectation comme une opportunité de pouvoir collaborer avec deux autres cadres de santé et d’être accompagnée pour ma nouvelle prise de poste.

A mon arrivée, j’ai tout de suite été accueillie par le cadre de pôle, ainsi que par les deux autres cadres de santé avec lesquels je collabore au quotidien. La cadre de pôle a réparti le travail, attribué des missions à chacun de nous trois et nous a positionnés dans des groupes de travail. Mon adaptation est progressive, car le SAU n’est pas un service de soins ordinaires. 150 agents composent l’unité de soins. Il faut un certain temps pour les connaître, cerner leurs appétences, les différents référents qui participent à la qualité des soins, les personnes ressources. Ces données sont indispensables à la compréhension du fonctionnement, ainsi que l’organisation du service des urgences. Je découvre les véritables nœuds et problématiques de l’unité dont je n’avais pas conscience lors de mon expérience d’infirmière et de « faisant fonction cadre de santé ». (Flux des patients, violence, problème social).

4 – Vous vous retrouvez dans un management tricéphale, comment se passe une journée type ?

Oui, je fais partie d’un management tricéphale. Je m’assimile aujourd’hui être la pièce d’un puzzle avec lequel j’avance au quotidien. C’est une autre cadence. J’épouse une nouvelle façon de manager. Je compose avec l’autre. Je suis davantage à l’écoute, attentive aux besoins des autres cadres de santé. Cela me permet aussi de réfléchir avant de prendre une décision en abordant différents paramètres. Nous essayons d’établir un management que je qualifierai d’arc en ciel. C’est-à-dire, en ayant une vision plurielle, multidimensionnelle et en fructifiant nos idées communes, c’est-à-dire notre intelligence collective. C’est une belle opportunité d’exercer dans cet environnement hors du commun et dans lequel transite la plupart des malades qui séjourneront à l’hôpital.

Il n’y’a pas de journées type aux Urgences. Aucune journée ne se ressemble. Ce sont l’activité du service et le flux des patients admis qui rythment nos activités et les nombreux imprévus qui occupent une grande part de notre quotidien. (Gestion de flux de patients, gestions des objets de valeurs, logistique, échanges verbaux). Cependant, nous avons des activités communes à celles des autres cadres de santé du CHUG, telle que la gestion des ressources humaines et la commande de pharmacie, logistique…

5 – AMHG : Quels sont vos concepts managériaux ?

Mes grands concepts managériaux s’articulent autour de l’intelligence collective, la reconnaissance de l’autre, la qualité de vie de travail, la qualité et la sécurité des soins et le management de proximité.

6 – AMHG : Comment pensez-vous collaborer avec vos collègues de votre établissement ?

Pour l’instant, je profite des rencontres mensuelles institutionnelles telles que, les réunions d’encadrement de l’ensemble des cadres du pôle soins critiques, les réunions cadres de santé organisées par la direction des soins, les réunions mensuelles avec la direction générale, les groupes projet et les analyses de pratiques professionnelles avec les nouveaux diplômés cadres de santé. Avec l’expérience, peut-être aurais-je d’autres idées pour entretenir nos échanges et créer de nouvelles opportunités de collaboration avec les autres cadres de santé/hospitaliers de l’établissement.

Je note aussi que de nombreux cadres de santé m’ont proposé leur aide si besoin. Ainsi, je n’hésiterai pas à les solliciter (Je le fais déjà d’ailleurs…) lorsque je rencontre certaines problématiques. Dans la mesure du possible, je partage aussi mes connaissances toutes fraîches de mon année récente de formation avec les « faisant fonction cadres de santé » de l’établissement.

7 – AMHG : Quelques conseils et/ou souhaits pour les managers de santé ? Et ceux qui souhaitent le devenir ?

Pour les conseils et les souhaits pour les managers en santé :

Le quotidien au sein de notre institution n’est pas toujours facile. L’institution a besoin de cadres de santé managers ressources, porteurs de projets, courageux, persévérants et motivés. Le dialogue, les échanges, le partage et la collaboration sont les secrets qui nous permettront d’aboutir à nos objectifs. 

Pour ceux qui souhaitent le devenir :

Etre bien sûr de ses objectifs professionnels, sa force mentale et de ses capacités d’organisation.

Ne pas hésiter à faire appel aux autres cadres de santé qui viennent de vivre « le parcours cadre de santé ».

Aussi, je reste disponible pour ceux et celles qui veulent vivre la même expérience que la mienne. (Pré-sélection, concours, faisant-fonction cadre de santé). 

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Les petites confidences 

Livre(s) : Le management interculturel, Olivier Meier. Sociétés post-esclavagiste et management endogène, Patricia Braflan-Trobo.
Sport(s) : Marche, Randonnée.
Loisirs : Musique, lecture, pâtisserie.
Musique : Kassav, Compas, Variété Française et Zouk rétro.
Plat préféré :  Fruits de mer.
Dicton ou Proverbe : « Le dialogue véritable suppose la reconnaissance de l’autre à la fois dans son identité et dans son altérité. » Proverbe Africain

Moments forts de la formation IFCS

  • La participation de mes deux filles à ma soutenance orale. Accompagnées du jury de mémoire, elles m’ont annoncée ma réussite au Master et au diplôme de cadre de santé.
  • Le dernier jour à l’IFCS. Ce fut un moment fort de dire au revoir aux autres étudiants avec lesquels j’ai tissé des liens durant la formation.

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L’AMHG remercie chaleureusement Charlène PETIT SAMINADIN pour sa contribution.
Parution 24 septembre 2023

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Aujourd’hui nous publions la 75ème interview, *nouvelle formule (bimensuelle).
Newsletter/mail de l’AMHG, + 900 abonnés (+ Linkedin, Twitter et Facebook) relayée également par l’un de nos partenaires médias, newsletter managersante.com (20.000 abonnés
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La campagne d’inscription aux Journées Annuelles des Managers Hospitaliers de Guadeloupe débutera cette semaine… restez connectés, c’est un rendez-vous à ne pas rater (cf. les témoignages – JAMHG 2022)

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Invités d’honneur des JAMHG 2023

Débra PHILIP (Manager – Hôpital Princesse Margaret – CH. Roseau, Dominique – Commonwealth )

Olivia RUFAT (Directrice des soins, CH. de Libourne – Coordinatrice des soins, GHT Nord Gironde – Présidente de la commission paramédicale du GHT Alliance de Gironde)

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Les Caraïbes : Petites et Grandes Antilles | Air Vacances

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